Voici une lecture qui ne m'a pas déplu, je retombe par hasard sur le livre quelques mois après et j'ai récupéré mes notes afin d'en faire une petite critique.
Remettons tout ça dans le contexte :
Le ghetto intérieur a été écrit par Santiago Amigorena, un écrivain mais aussi réalisateur, scénariste et producteur argentin vivant en France. Je ne vous fais pas la liste de ses ouvrages, mais il n'en est pas à son coup d’essai.
Le livre raconte l'histoire vraie de Vicente Rosenberg, qui est arrivé en Argentine en 1928 et où il a rencontré une femme avec qui il aura 4 enfants, l'un d'eux étant le père de S. Amigorena. Pendant la seconde guerre mondiale, il apprend que sa mère, juive et polonaise, est enfermée dans le ghetto de Varsovie.
[SPOIL à partir d'ici] Rongé par la culpabilité d'avoir fui l'Europe sans sa mère, il décide de garder le silence, et quand je dis silence, c'est que le bonhomme deviens quasiment muet, on a donc un livre sans beaucoup de dialogue et qui se concentre sur le mental du personnage, le problème c'est que son esprit deviens de plus en plus absent et indéchiffrable, ce qui rend la lecture fade et sans but, sans suspens.
Pendant ma lecture, j'ai observé certaines méthodes d'écriture propre à l'auteur assez déroutante au début, comme des énumérations et des répétitions très longues qui peuvent perdre les lecteurs occasionnels. On comprend en fait que l'auteur s'en sert pour pour faire part de l'état d'esprit confus de Vicente. Le thème abordé par l'auteur est dur, pourtant il ne s'agit pas vraiment de l'un de ces innombrables livres sur la Shoah, mais il montre avec force le sentiment d'impuissance vécu par les familles des victimes, ainsi que la frustration de ne pas savoir, de n'avoir aucune nouvelles des événements graves en Europe, les journaux étant eux même incapables de bien savoir.
Le livre pose la question suivante :*"Qu'est ce qu'être juif ? Doit-on se sentir Juif ?"* Question que Vicente ne va plus pouvoir s’empêcher de se poser en permanence, à l'inverse du régime nazi pour qui être juif ou avoir des proches juifs ne fais aucune différence, pratiquant ou non.
Vicente va sans s'en rendre compte être une victime mentale de la Shoah, souffrant du privilège d'être encore en vie pendant que sa mère meure peut-être dans le ghetto.
C'est une lecture assez courte mais douloureuse, qui amène le lecteur à de profonde réflexions. Le travail de l'auteur sur la mémoire de son grand-père est d'autant plus remarquable, ce qui m'amène à la citation suivante :
"J'ai souvent écrit que l'oubli était plus important que la mémoire, j'ai souvent pensé que celui qui oublie jouis plus que celui qui se souvient"
Pour conclure, je dirais que cette lecture peut amener à un questionnement sur l'identité et plonge le lecteur dans une profonde réflexion.