Avec son roman "Le juge et son bourreau", Friedrich DÜRRENNMATT nous offre un jeu de miroirs. Quand un policier modèle se retrouve assassiné, on peut supposer, au sein même de la Police, l'existence d'un pourri à la commande ou à la manoeuvre... Mais qui est qui?
Tout le récit est construit sur des oppositions. Vieux flic quelque peu désabusé, jeune loup voulant faire carrière; tenants d'une police nouvelle, scientifique, confondante à coups de preuves irréfutables, amateurs d'une enquête de pas à pas, de proximité, d'intuitions, de convictions; partisans de la prudence et de la couverture politique en opposition avec ceux qui préfèrent les grands coups de bottes; ... Mais encore une fois, personne n'est entièrement le tout et chacun peut se revendiquer d'un peu de ... tandis qu'au milieu de cette traque à l'assassin, on découvre un couple de parieurs misant sur le Bien, le Mal, la volonté de détruire, celle de faire justice.
L'intrigue est policière mais l'écriture est aussi une réflexion sur les mécanismes d'enquête, les marges de liberté à se donner, les pressions à contenir, les informations à prendre, à partager, à manipuler ou écarter.
A travers une Suisse austère et pourtant est séduisante, Friedrich DÛRRENMATT jongle avec les différents aspects psychologiques de ses personnages et nous mène à un dénouement qui ne manquera pas d'interroger notre sens de la justice.
Entre le juge et son bourreau, la comédie humaine se joue, se vit, se perd et meurt, malade d'elle-même et de ses réflexions sur le sens du mot Justice.