J'ai embarqué dans ce livre sans la moindre idée que j'allais me retrouver au bout de quelques pages


sur une exoplanète avec des petits bonshommes roses.


Tout ce que je savais venait d'un résumé et d'éloges d'écrivains : j'allais donc apparemment accompagner un missionnaire chrétien parti évangéliser dans des contrées reculées, en laissant la femme de sa vie derrière lui. Les éditeurs avaient-ils peur de mévendre leur produit en l'étiquetant comme science-fiction ? Toujours est-il que je me suis jeté dans ce livre sans hésitation, parce que lire Michel Faber avait jusque-là été un plaisir, parce que le titre annonçait des choses étranges, et parce que la couverture était quand même canon (on ne fait pas tant d'efforts pour si peu, je me disais).


Ce n'est en effet pas l'histoire d'amour et de séparation fort convenue qui enthousiasme le plus dans ce roman et encore moins le côté enseignement des Evangiles. Les citations des apôtres, les soi-disant paroles de Jésus et autres phrases éthérées sont autant de passages fades et non constructifs de l'histoire. L'auteur a donné bien trop de part à la dimension religieuse (du moins pour un lectorat que je suppose majoritairement athée et imperméable) et son choix d'un missionnaire chrétien pour cette mission de 'civilisation' inédite au lieu d'un linguiste ou d'un anthropologue relève d'un choix étrange, trop obsolète pour être sérieux.


Mais heureusement le cadre de l'histoire offre des images extraordinaires, fait découvrir des sensations étrangères. C'est en effet davantage l'évocation


d'une réalité extra-terrestre et la description d'un Nouveau Monde et de ses indigènes qui font l'intérêt du livre : des humanoïdes très attachants à la tête d'anus (cf. South Park, saison 5 épisode 10), qui ne peuvent pas produire certaines dentales et dont on se demande comment Darwin aurait expliqué l'existence sur cette planète si étrange, hostile dans sa monotonie, mais pour le moins fascinante, qui fait rêver et craindre pour l'avenir de l'être humain.


Car la fin de la civilisation humaine sur Terre approche, et il n'y a que notre missionnaire illuminé et trop pétri de Bible pour ne s'en rendre compte qu'à la fin du livre. L'échange épistolaire avec sa femme est une histoire dans l'histoire, il donne un aperçu de ce que le genre humain commence à endurer chaque jour avec plus de violence (avec comme paroxysme, les derniers instants d'un chat, une mort horrible qui m'aura affecté plus que la nouvelle de millions de victimes de par le monde).


Pas de spoiler là-dedans, le Book of Strange New Things, c'est le nom donné à la Bible par les petits évangélisés. Et on est plutôt content de découvrir que celui que l'on a entre les mains a plus de qualités et d'attraits qu'un livre saint.

Axel_Delers
6
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le 11 nov. 2015

Critique lue 377 fois

Luigi Sushi

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Le Livre des choses étranges et nouvelles
alfredboudry
2

Et une preuve de plus que le moyen âge n'est pas terminé, une !

C'est l'histoire de Peter, un pasteur évangéliste, évidemment âgé de 33 ans, évidemment ancien junky, évidemment "sauvé" de la drogue par l'amour de son infirmière Béa, évidemment chrétienne...

le 12 avr. 2015