Par David Boratav

Depuis 2004, date de la parution de La Famille royale en France, William T. Vollmann ne cesse de forcer l'admiration. Il est devenu, pour beaucoup de lecteurs qui croient en une certaine littérature américaine, dense, sérieuse, passionnée, un passage obligé. L'expression d'une conscience, torturée mais jamais absconse, de l'Amérique.

Des Fusils, unique volet publié en français de sa série des Seven dreams sur l'Amérique précoloniale, à La Famille royale, son ode aux putes et à la culpabilité, en passant par l'immense Central Europe et Pourquoi êtes vous pauvre ?, essai de trublion errant dans les bidonvilles du monde, sans compter tout le corpus non encore traduit (Imperial, The Atlas, Riding towards everywhere, An Afghanistan picture show, ou son premier roman You bright and risen angels pour n'en citer que quelques-uns ), William T. Vollmann produit sans trembler, par absolu besoin d'écrire et par enthousiasme et compassion pour un monde qui mobilise sa curiosité d'écrivain, insatiable, et son sens aigu de l'observation des hommes, visible jusque dans ses planches d'artiste et sa gigantesque collection de photographies. Plusieurs fois repoussée, la parution du Livre des violences est plus qu'un événement. Ersatz d'un ouvrage encyclopédie de plus de 3 000 pages mûri pendant vingt ans et publié en 2004 par Mc Sweeney's aux Etats Unis, c'est un livre qui ne correspond à aucun canon, un aboutissement, une oeuvre qui comble un vide, envers et contre tout.

Le Livre des violences est un peu la colonne vertébrale de l'œuvre de l'écrivain. Un essai foisonnant qui se situe à la frontière entre reportage et réflexion assidue sur l'état du monde, doublés d'un intérêt aussi profond que respectueux pour les hommes et leur douleur : « Les atrocités ne laissent que des blessures, et une blessure est une cavité, une vacuité, » écrit-il. Vollmann enregistre les faits, les témoignages de violence et de non-violence, tente de comprendre Ghandi, Cortes, Lincoln, les « manifestants anti-nucléaires de Seabrook », Hitler ou encore ces « soldats français dans une tranchée boueuse, nettoyant leur mitrailleuse de la manufacture de Saint-Etienne (…) avec toute la diligence voulue, pour qu'elle luise plus qu'eux » et soit « prête à cracher la mort à travers l'horizon ». (...)

Lire la suite sur : http://www.chronicart.com/livres/william-t-vollmann-le-livre-des-violences/
Chro
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le 15 avr. 2014

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