Alexandre Jollien a aujourd'hui une petite quarantaine, le visage éclairé, bonhomme, un sourire joyeux, un magnifique charisme... et il est handicapé. Petite coordonnée, grosse sentence péremptoire qui, par son énonciation seule, laisse à entendre combien ce sourire d'affranchi plein de tendresse, il ne l'a pas délivré sans traverser des moments de peines et de souffrances que nous, bien-portants bienheureux, ne pouvons que soupçonner avec maladresse.
Comment affronter le regard extérieur qui enferme et comment vivre ses propres défaillances physiques ?
C'est la substance des viatiques philosophiques dont Jollien a usé pour cheminer gaillardement malgré ses présumés (car "si la souffrance envenime l'existence, elle enseigne aussi") malus existentiels qu'il nous présente dans ce livre. Ainsi parcourt-on en sa modeste compagnie les pensées qui lui ont permis d'atteindre plus de légèreté, de « s'opposer à ce qui aigrit en recourant de force à la joie » .
C'est là un moment dans l'intime d'un homme que l'on savoure sans déplaisir, parce qu'Alexandre Jollien est simple ; loin du traité jargonisant, il relate. Sans tenter d'établir un système pompeux, il se promène avec nous sur des questions déterminantes de l'existence en invoquant des figures de philosophes et de célèbres modes de pensée : stoicisme en tête selon mon souvenir... Partant du constat que l'absurde de la souffrance est pire que la souffrance elle même, il propose le néologisme "algodicée" pour désigner l'enseignement de la souffrance, lui donner un sens et une place et tracer un itinéraire vers la résilience en apprenant à "être heureux par décision".
Le livre est très court, une centaine de page, se lit d'une traite et donne un peu de tonus pour aller de l'avant dans sa propre vie et s'extirper un peu de joie chaleureuse du fond de nos tripes.
Un bonne lecture parenthèse en somme et un témoignage superbe qui suscite empathie et respect.