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Le recueil s’ouvre sur une nouvelle de six pages, rédigée dans un souffle, sans aucun point. Ce souffle, c’est celui d’un joggeur qui balance à ceux qu’ils croisent un Salut ! Comment va ! retentissant. Jusqu’à ce que sa route rencontre celle d’un autre coureur, qui lui donnera une réponse qu’il n’attendait pas.

Si le style épuré et direct d’Oates n’est pas parmi mes préférés, l’écriture est si fluide que je n’ai pas pu refermer le livre avant la fin. Les morceaux de vie sont écrits comme ils sont vécus, de façon brute, souvent laide. Parfois, on distingue, comme dans la nouvelle Le Musée du Dr Moses, une sorte de poésie morbide, à la limite du fantastique. Fantastique tout juste frôlé dans Fauve, nouvelle étonnante à la fin floue et ouverte.

Oates raconte avec une perspicacité et une empathie notables ces drames modernes, entre l’étrange et l’ignoble. Elle a le talent du détail comme celui de la construction du récit, et certaines de ses histoires ne sont pas sans rappeler le génial Stephen King, dont le travail sur la psychologie des personnages n’est plus à mettre en doute.

Cependant, si je note ses indéniables qualités, ce recueil ne m’a pas plu. Principalement parce que ces destins, s’ils sont, pour la plupart, réalistes et remarquablement mis en scène, forment une anthologie de la misère et de l’horreur sous toutes ses formes. Je me fatigue vite de la tragédie, plus encore lorsqu’elle est ordinaire; surtout, il me faut avouer que je la supporte mal sur la longueur. Trop de noirceur, de pessimisme, de crasse et de tristesse.

Pour ceux qui aiment cette vision sans lumière de l’humain, qui reste ici la trame majeure, pour ceux qui ne craignent pas les faits divers sordides, ces angoisses ordinaires.
Sarah_Beaulieu
5
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le 16 janv. 2014

Critique lue 120 fois

Sarah Beaulieu

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