Voilà un roman qui m'a taraudé car je n'ai cessé de vouloir décrypter les intentions de son auteur dont ce Mystère de la patience est une oeuvre ambitieuse et non dénuée de talent. Au départ, son livre s'apparente à une sorte de spin off d'Alice au Pays des Merveilles où les cartes,alors personnages secondaires,deviennent des personnages vivants, d'envergure. A tel point que dans la forme même du Mystère de la Patience, les quatre couleurs des cartes sont autant de chapitres qui font avancer le lecteur dans ce conte initiatique ou devrais-je dire une revisite des fondamentaux philosophiques (dont Oedipe Roi ou le fameux mythe de la Caverne). En restant au niveau de l'histoire, il s'agit d'un jeune garçon qui va reconstituer l'histoire familiale en tentant de retrouver sa mère à Athènes avec l'aide de son père philosophe tout en ayant accès à son passé via l'imaginaire.Sans cesse entre la réalité et le rêve, le Mystère de la Patience s'avère être donc un livre tortueux où le lecteur doit à la fois s'orienter grâce au narrateur du livre (jadis l'enfant de l'histoire,lui même vecteur de confusion dans un moment de sa vie qui l'a dépassé) et saisir les points d'ancrage réels ou imaginaires (car il n'y a pas de frontière entre ces moments). Lewis Caroll ne renierait donc pour rien au monde ce jeune Hans-Thomas, qui s'avère être une Alice bis , dans un puzzle mental qu'il s'efforcera de résoudre tout au long du livre.
Ce qui est également remarquable, c'est la maîtrise de Jostein Gaarder à conter cette histoire tordue,retors et à la rendre prenante malgré sa complexité affichée. Le Mystère de la Patience est donc un exploit narratif à lui tout seul ne s'arrêtant pas là. En effet, l'auteur arrive aussi à initier son lecteur à la philosophie en ne lui donnant pas l'impression qu'il en reçoit. C'est tout bonnement prodigieux et la lecture du Mystère de la Patience me fait envisager de m'arrêter sur le best-seller de Gaarder ,le Monde de Sophie, ouvrage trés prisé dans les années 90.