Le Pire des mondes par penseur-punk
" Il aurait pu ne rien voir. Être trop absorbé par lui-même ou feindre de ne pas remarquer, comme tout le monde. "
Paris, début des années 2000, paranoïa urbaine auto-centrée en mode réac'...Un titre aux relents Orwelliens voire Huxleyiens ; Une vie, celle d'un jeune trentenaire, illustrateur free-lance, profil yuppie, Porsche vintage, amie hebdomadaire, loft minimaliste, parvenu accessoirisé par des produits et des virées à Deauville. Le tout emballé dans un quartier de Paris : Belleville, paradis perdu des bobos en manque d'Humanité ; et d'une musique : des B.O de films tendance commerciaux ; et la sensation matraquée du labeur qui a fini par payer. Calques bas-de-gammisés des yuppies de Bret Easton Ellis en apparence insignifiants...
Mais là, l'élément bancal intervient : trois images banales comme déclencheur et des "fixations" récurrentes d'une attitude encrée bien profond. Fixations de mâle artificiel reclus, à l'écart du monde par choix (et parce qu'il le peut) ; fixations sur un style de vie fantasmé et appliqué consciencieusement, sur une image personnelle calculée ; et fixations sur des femmes, stars de ciné tendance matures déclenchant tout un film à la sexualité plus que muselée. Jusqu'à Junko, starlette japonaise, dont il pense tomber amoureux...Foutoir habituel et débridé de recherches biographiques et de zapping médias, mais là, la réalité lui tombe sur le coin de la gueule, plus moyen de se branler gentiment dans son coin, faut qu'il la rencontre, et vite...
Sous couvert d'un "manifeste" pour jeunes célibataires friqués/cultivés/adaptés s'insurgeant doucement contre la connerie du monde qui les entoure, et le listing laborieux de lieux communs "révoltants" comme l'Etat, les impôts, les flics et les blédards du quartier, Ann Scott "tente" de parler d'une faille systémique, de la vanité d'une vie protégée telle que la mène ce type à l'image calculée/fantasmée et aux désirs simples mais sur-réfléchis et donc inassouvis. Un schéma mental générationnel, défini par sa construction annexée sur un matraquage sociétal, un style de vie pathétique, sous forme d'impasse existentielle et de manques, où le moindre truc déclencheur peut conduire à une fin non moins pathétique.
_Julien Bitaud-------Consultant en Image &&&_
http://julienbitaud.blogspot.com
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