Alphonse Boudard, c'était déjà un spécialiste de l'argot pour moi et un alter-égo de Michel Audiard. J'ai retrouvé cette parcelle d'identité à travers ses mots mais j'ai découvert aussi la psychologie d'un jeune homme perdu après la deuxième guerre et qui tente de se réconforter avec le café du pauvre, l'amour "joyeux " au détour du chemin avec des femmes de divers horizons. Bien avant que l'autofiction eut un nom, Alphonse Boudard a décrit les mémoires d'un jeune mec d'alors avec la plume du vieux bonze qu'il est devenu. C'est direct, envoyé, drôle et savoureux.
Ce livre peut laisser paraître que le jeune Boudard fut simplement guidé par la galipette facile et son désir très sexuel, mais ce n'est pas sa seule dimension. En effet, l'écrivain,non sans quelques habilités stylistiques, parvient à cristalliser l'esprit de l'après-guerre et les tentations de devenir un vrai voyou pour le fric facile et les belles fringues (cf la partie Pigalle du livre). En fait, le scénariste qui a croqué quelques sérieux caves au cinéma, assume sa jeunesse insouciante et débridée tout en la regardant avec tendresse et ironie.Un retour vers le passé agréable,distrayant et quelques réflexions déjà sur la précarité où la malhonnêteté humaine s'invite au hasard de quelques rencontres. C'est un livre franc du collier,indépendant qui prône l'amour de la vie malgré quelques péripéties au vinaigre. A lire pour se détendre l'esprit et repousser la grisaille.