Ce roman de Lilian Jackson Braun est le tout premier de la série du "Chat qui...", publié en 1966. C'est donc ici que l'on découvre le héros, Jim Qwilleran, ancien journaliste spécialisé dans la criminalité et ayant connu bien des déboires à cause de son alcoolisme. Au moment où débute l'histoire, Qwilleran ne demande qu'à saisir une seconde chance dans le journalisme et réussit à se faire embaucher au "Daily Fluxion", dans une grande ville (imaginaire mais qui ressemble à Detroit) du Middle West. Pas de chance, le seul poste qu'on est disposé à lui accorder se révèle être celui de chroniqueur à la rubrique "Arts", domaine qu'il ne connaît absolument pas (et qui ne l'intéresse pas vraiment). Il aura sans cesse affaire à des artistes plus qu'excédés par un critique acerbe, collègue de Qwilleran au "Daily Fluxion". S'en suivront un meurtre, puis un second, et, surtout, l'apparition d'un personnage essentiel pour la série : Kao K'o Kung, plus communément appelé Koko, un chat siamois particulièrement malin et au potentiel étonnant : il serait doté d'un véritable sixième sens.
Bon, raconté comme ça, rien d'extrêmement emballant. A vrai dire, en lisant la série, je fais plus ou moins abstraction des élucubrations sur les capacités extra-sensorielles de Koko, car je trouve que cet élément a tendance à affaiblir, voire abêtir plus ou moins les histoires. Mais je ne peux pas dire non plus que je sois terriblement enthousiasmée par les enquêtes, qui n'en sont pas vraiment. Certes, ici, des meurtres ont lieu, sans qu'on sache forcément que ce sont des meurtres. Certes, Qwilleran se pose des questions. Pour autant, il ne mène pas une enquête en bonne et due forme ; tout juste pose-t-il une ou deux questions par-ci par-là. Finalement, le dénouement intervient plutôt par hasard.
Et pourtant, j'ai du plaisir à relire régulièrement ce roman qui n'est pas un chef-d’œuvre de la littérature policière. On voit bien que l'auteure ne s'y connaît guère en art contemporain (et en art tout court) et les clichés sur les artistes pullulent, mais sans qu'il y entre de l'amertume ou de l'agressivité. le tout est mâtiné d'un certain humour, les pérégrinations du héros dans le monde de l'art et celui de la presse sont agréables à suivre, le tout rendant la lecture sympathique. Lorsque je m'ennuie et que je ne sais pas quoi lire, que je suis malade ou trop fatiguée, je trouve toujours plaisant de me replonger dans un roman de la série du "Chat qui...", et particulièrement dans ceux du début, où je m'absorbe dans l'ambiance surannée des années soixante.
A noter qu'à partir du quatrième roman, on passe directement aux années quatre-vingts, mais nous aurons l'occasion d'en reparler.