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Le cinquième hiver du magnétiseur par GrandGousierGuerin

Il ne faut pas se laisser induire en erreur par le titre : le cinquième hiver du magnétiseur n’est pas un livre du style heroic fantasy ou approchant. Pas de Gandalf le Gris (ou Blanc, Noir, Mauve ou encore Aubergine …. Bien que Gandalf l’Aubergine cela me plaît bien …), ni d’orques, d’elfes, de fées, de nains, de vouivres ou de waraboucs …
Au XVIII siècle, dans cette Allemagne qui n’est qu’un puzzle de duchés et länder, un homme est retranché dans une grotte perchée dans une falaise, poursuivi par des chasseurs. Aux abois, il boit l’eau qui suinte aux parois et se nourrit de ce que la providence amène dans son antre, un pigeon en l’occurrence. Les chasseurs ne peuvent pas accéder à son repère que par l’escalade qu’il défend par des jets de pierre qui font le plus souvent mouche. Le temps joue contre lui et aboutit à sa capture. En attente de son jugement et de sa condamnation, il est sous la garde d’un homme sans relief dont on a même oublié le nom et qu’on interpelle que par son sobriquet : le Tisserand. Au matin, le captif et son gardien ont disparu.
Alors commence une fuite des deux compères, l’un prenant largement le dessus sur l’autre, qui les amène à rencontrer une femme accompagnée de sa fille puis dans une auberge où le destin mettra sur leur route les clefs ouvrant les portes d’une nouvelle vie sous d’autres cieux.
Ainsi débute le cinquième hiver lorsque le Tisserand et son maître arrivent à la ville cossue de Seefond. L’échappé se révèle avoir des talents de magnétiseur, voir même de thaumaturge. Son ascension sociale inexorable débute par le traitement et la guérison de la fille d’un médecin de la ville. Ce médecin devient son aide et sa caution médicale. Il va dorénavant se faire un nom, devenir une certaine célébrité en multipliant les patients et surtout les guérisons jusqu’à la chute inexorable et brutale. Cela ne va durer qu’une saison, le cinquième hiver.
Le médecin, narrateur de ce roman, alterne les pages de son journal où il fait part de ses questionnements, de ses doutes mais aussi de son amour paternel avec le récit des tribulations du magnétiseur.
Dans un style agréable, ce roman laisse la porte ouverte à de nombreuses pensées et interrogations. Les rapports entre les différents protagonistes sont entremêles et complexes, notamment celui entre le médecin et le magnétiseur. On peut y voir déjà tous les mécanismes sectaires mis en place par un gourou. L’analogie ou la parabole de la montée du fascisme qu’on peut lire en quatrième de couverture me semble beaucoup moins évident.
Le médecin est déchiré entre son amour paternel, sa corporation de médecin et les valeurs déontologiques, son attirance-répulsion envers le thaumaturge. Le magnétiseur est confondant par son cynisme, sa connaissance innée de la psychologie et parfois par sa faiblesse à la limite de la détresse.
Ce livre m’accompagne depuis quelques jours et nourrit certaines de mes pensées. Par une passe de mes mains devant votre visage, je vous somme de le lire !

Créée

le 15 mars 2015

Critique lue 150 fois

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