Le dernier pape... mais le bon premier d'une série de thriller vaticaneste

Clarifions les choses d’entrée de jeu, « Le dernier pape » relève clairement de la catégorie des thrillers ésotérico-maçonniques (loge maçonnique, quidam qui met en déroute une organisation secrète aux ramifications mondiales, explosions à tout va, théories complotistes, super agent double aux ressources éternelles). Cela étant posé, cette vision, totalement fondée par ailleurs, serait néanmoins un brin réductrice.

Déjà, quand bien même il serait un thriller aux thématiques éculées, il n’en reste pas moins une mécanique parfaitement huilée. Il en va des thrillers comme des vins (mais pas comme des chasseurs). On n’est pas forcé d’aimer tous les vins (ni toutes les littératures) mais on trouve dans chaque cépage (ou dans chaque genre littéraire, suivez un peu, c’est pourtant simple) des crus meilleurs que d’autres. Celui-ci reste parmi les bonnes bouteilles.

De plus, à la différence des livres de Dan Brown qui se basent sur des énigmes à déchiffrer et des codes cachés dans des tableaux, sur des billets de banque ou que sais-je, Luis Miguel Rocha se contente d’inscrire son histoire dans le cadre formaté des théories de complots maçonniques à travers la loge P2, ultra-secrète, ultra-fermée et ultra-puissante. Celle-ci a tout de même la mainmise sur les pontes de la CIA, dispose d’une « garde » secrète et archi-entrainée. Comme partout ailleurs, par contre, un être humain lambda va mettre en péril le grand plan du grand maître de la grande loge. Sans talents particuliers, Sarah Monteiro, aidée du mystérieux Rafael et de son père, ancien membre de la loge P2, va mettre en échec le grand maître.

Enfin, Luis Miguel Rocha ancre son histoire dans l’Histoire et plus particulièrement celle du Vatican. En jeu ici, le décès de Jean-Paul I, mort au bout de 33 jours de règne pontifical. La question du « qui » n’est pas la plus importante, celle du « pourquoi » l’est beaucoup plus. Manne financière, le réseau bancaire du Vatican, en dehors d’enrichir le Saint Siège, est également une machine à blanchir de l’argent. Luis Miguel Rocha s’attache d’ailleurs plus à stigmatiser les agissements de certaines personnes afin de dédouaner (en tout cas exonérer de responsabilité) l’institution dans son ensemble. Luis Miguel Rocha enfonce un peu plus le clou dans le deuxième livre de sa tétralogie et don le thème de départ est la tentative d’assassinat de Jean-Paul II.

Si tout au long du livre, les ficelles de l’auteur sont visibles, connues et évidentes, le livre tient par deux fils dont l’un est la conséquence de l’autre. Tout d’abord Luis Miguel Rocha tient le lecteur en dehors de son histoire. En interpellent le lecteur par des « intéressons-nous à », « suivons le » et autres « on voit bien que », il le prend comme témoin mais ne cherche pas à le faire s’identifier aux personnages. Et ceci se justifie pleinement par les dernières pages du livre dans lesquelles Luis Miguel Rocha livre la confession écrite de JC, le grand maître de son histoire, tirant les ficelles de l’histoire tel un faux Dieu omnipotent et omniscient, semant ainsi le trouble sur la part de vérités et de mensonges des 475 pages qui précèdent.

Au final, un ton plus littéraire que ces prédécesseurs sans pour autant mettre de côté les clefs qui font le succès de tels livres, une mise en avant des théories complotistes parfois contestable, un recentrage sur le Vatican, en font un livre agréable qui donne envie de voir où et jusqu’où l’auteur veut entrainer son lecteur.

A suivre…
Ga_Roupe
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le 23 mars 2015

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Ga Roupe

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