Si les crimes commis par les contemporains de Voltaire sont particulièrement atroces (quatre techniques d’assassinat violent sont subis par une pauvre baronne), l’auteur semble s’intéresser à user de toute son érudition à démontrer la banalité de ce genre de mal sous Louis XV. Entre religieux fanatiques, jeunes filles à marier expertes en poisons et jarretelles affriolantes, clercs corrompus et flics inquiétants toujours prêts à vous saisir par le collet pour vous le jeter dans une geôle à faire pâlir tous les Mesrines, on se prendrait presque à trembler de tous les genoux cagneux du pauvre Voltaire au long de ses aventures toujours contraintes, parce qu’alors, il a mieux à faire, il est encore jeune et n’a pas de grande cause.
Heureusement, l’insouciant égocentrisme du prince des philosophes spirituels (et spiritueux), associés à la naïveté de son Linant et l’allant gracieux de la Du Châtelet, nous donne un rebondissant tout enfantin qui bubble-gumise nos aventures trépidantes de lecteur accroc. On roule, on roule sans temps mort, carrément comme dans un flipper, culbutés par les mots d’esprits, les retournements de situations autant que de directions de l’enquêteur au vieux bonnet fourré qui a toujours mieux à faire que de s’occuper des autres, au fond. Et c’est génial !
vers mon blog de critique et auteur-e