A l'image d'un tapis persan, l'histoire peut être regardée de tout point de vue. D'un coté, l'auteur nous propose en lecture de gauche à droite l'adaptation d'un conte iranien puis de l'autre sa traduction à lire en sens inverse.
le conte adapté s'ouvre sur Babaï le petit mouton qui tisse la trame de son jardin rêvé, espace magique à la fois terrestre et divin puis se ferme sur Babaï assoupi au coeur de sa création, petit médaillon au centre de l'immense tapis. Lorsque les dernières pages se tournent, on pense alors arriver à destination de ce merveilleux voyage et c'est en fait une invitation à revenir sur nos pas que l'on découvre. l'auteur nous offre le conte d'origine en persan et sa traduction française tout aussi poétique, elle nous installe sur le tapis que nous avons vu naître afin de l'observer différemment. Elle détisse alors les fils du tapis par le biais du dialogue entre le conteur et Babaï.
Dans les deux versions, la philosophie reste la même, à coeur vaillant rien d'impossible, d'une terre stérile peut naître un jardin luxuriant.
L'art du tissage, la culture iranienne, la nature, le partage, la patience, le courage, nombreux sont les thèmes célébrés dans ce conte et il dispose qui plus est de plusieurs niveaux de lecture ! Un travail admirable !
L'illustration est aussi une grande réussite, la naissance de la vie est exprimée par des couleurs chatoyantes à la texture velours, les motifs du vivant accompagnent les arabesques de la traduction persane... une lecture riche de surprises, de ravissement, de vie, d'émotions, de poésie. Je le classe parmi mes plus belles découvertes de la littérature pour enfants !