Le manifeste du cinéaste par Cinemaniaque
Curieux livre, souvent trop flou sur ses intentions pour réellement convaincre. Fort d'une expérience à la fois pratique et théorique du cinéma, Frédéric Sojcher se fourvoie pourtant dans des considérations un peu à côté de la plaque à l'occasion, souvent signes d'une approche du cinéma franchement dépassée. En d'autres termes, ce que Sojcher préconise est un cinéma non pas en tant qu'objet industriel mais en tant qu'objet artistique. Fort bien, dans l'idéal ce serait en effet merveilleux, sauf que le cinéma n'est pas un art gratuit, c'est un art payant, et par conséquent il faut tenir compte des impératifs financiers que Sojcher déplore et aurait presque envie de rejeter. La notion de "manifeste" du titre prend tout son sens quand Sojcher se plaint que Rohmer pensait à ses films mais pas au cinéma européen dans son ensemble. Pour Sojcher, il faut revenir à un système identique à la Nouvelle Vague. Mais les époques sont sensiblement différentes, et Sojcher idéalise plus le cinéma qu'il ne le conçoit platement d'un point de vue économique. Un cinéaste doit être auteur, et le cinéma un art, même s'il ne rapporte pas son investissement. Des propos qui pourront inspirer les plus jeunes cinéastes - jusqu'à la désillusion d'un système malheureusement inattaquable. Dommage, car Manifeste du cinéaste proposait en annexe des idées fort intéressantes, et la pédagogie clamée par l'auteur concernant ses cours de réalisation me semblant tout à fait intéressante.