Petite étude de vulgarisation sur un des grands drames du XXIe siècle, l'ouvrage de Michael Prazan est idéal pour les profanes de ce sujet.
Michael Prazan (qui a aussi travaillé sur les Einsatzgruppens) n'est pas un historien, mais un documentaliste, et cela se voit dans sa manière de traiter le sujet. Au delà du fait de ne pas prendre de partis durant son « récit » , Prazan se contente en gros, d'exposer les différentes recherches et points de vu actuels sur le sujet. Ceci n'est pas du tout un reproche, et son ouvrage a le mérite d'être clair et neutre, contrairement à celui du chinois Chang...
Le livre se divise en trois grandes parties bien distinctes. D'abord l'auteur s'intéresse à l'avant prise de Nankin avec un très intéressant rappel du développement du Japon depuis l'ère Meiji (2e partie du XIXe), jusqu'au début de l'affrontement avec la Chine du Guomindang, pour bien remettre dans un cadre historique l’événement.
Le deuxième segment s'arrête lui sur le massacre de Nankin à proprement parlé. Sur le récit temporel ou en faisant de brefs biographies de quelques personnages ayant contribué à la défense des chinois (comme le désormais célèbre John Rabe). C'est dans cette partie qu'est raconté en détail les différents crimes commis par les soldats japonais et on est parfois saisit à la gorge par le récit tant celui ci est dur et frappant...
Cette partie est bien sûr très intéressante, mais je l'ai trouvé trop redondante, qu'elle tournait en rond au fil des pages. Je pense aussi que la présentation des « héros de Nankin » auraient pu occuper une place moindre dans le livre.
En définitive, dans cette synthèse historique trois pistes principales sont mises en avant pour expliquer ou comprendre le comportement des soldats japonais lors de ce sinistre événement (200 000 morts selon les procès de Tokyo et vers les 100 000 pour les dernières recherches) : Le sentiment de supériorité des japonais vis à vis des autres peuples asiatiques (chinois, mais surtout coréens), la forte résistance des chinois lors de la bataille de Shanghai ou encore le très mauvais encadrement des soldats militaires (couplée à une mauvaise organisation de l'attaque de la Chine).
Enfin la dernière grande partie, très pertinente et captivante s'intéresse à la façon dont chinois et japonais perçoivent cet incident, que cela soit au niveau des simples gens ou aussi au niveau étatique où on nous montre bien que tout est question d’opportunisme politique, de realpolitik des deux côtés (pas un hasard si en Chine le sujet n'est vraiment évoqué que depuis les année 80). Prazan s'arrête aussi durant quelques pages sur les termes employés pour décrire l'événement de Nankin, car entre massacre, viol ou autre, aucun mot n'est laissé au hasard...
Et bien entendu l'auteur revient sur le fameux débat à propos du nombre de victimes qui ne sera sans aucun doute, jamais véritablement tranché...
En bref, un petit ouvrage indispensable pour comprendre et se documenter sur le désormais nommé, massacre de Nankin.