L'objet en lui-même est fort beau avec ses pages de bonne qualité, agréables au toucher, sa mise en page claire, aux grandes marges et aux caractères larges, sa couverture à volets légèrement glacée sans atours inutiles, dont la 1e s'orne d'une des splendides aquarelles de Marc Crick, présenté comme photographe, dessinateur et auteur, signant ici, pour la première fois, des illustrations pour un autre écrivain.
Cependant, au départ, il m'a un peu agacé et j'en ai appréhendé la lecture : sa présentation laissait augurer d'une sorte de quête personnelle chargée de symboles obscurs, mais surtout d'une description d'un personnage singulier, qui existe réellement, sorte de gourou mondain conseiller de dirigeants et globe-trotter. de fait, c'est à peu près ce qu'il se passe : la narratrice (l'auteur) se fait aborder par un homme qui la harcèlera gentiment en lui révélant des fragments d'une vision la concernant, concluant sa diatribe par la question : Peux-tu traduire cette vision comme tu la ressens ?
La narratrice, elle-même philosophe, cartésienne et attachée à la vérité, se refuse d'abord à entrer dans son jeu. Mais, progressivement, tout en écoutant la manière dont Anaël se décrit et raconte son passé, elle se met à comprendre les tenants et aboutissants des visions et finit par déterminer qu'elles impliquent non seulement son avenir, mais également son passé, et la manière dont le voyant et elle sont inextricablement liés.
Au final, ce n'est pas tant le portrait de ce singulier voyant qui retient l'attention, mais la manière dont le glissement s'opère entre la réalité un peu floue du départ (la narratrice monte sur un bateau dont elle ne connaît pas la destination) et les escales qui sont autant d'interstices entre le passé légendaire et des bribes d'un avenir indistinct, où s'inscrivent en filigrane les sagesses héritées de traditions ancestrales (africaines) dont Anaël se pénétrera au cours de ses voyages d'enfance. A la suite du dévoilement de ce passé, Eliette Abécassis insère les briques qui fonderont son avenir, un avenir où elle devra servir de vecteur au message que lui ont inspiré les visions.

Vance
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le 27 août 2018

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