Un crime atroce survient dans un cadre où la réalité n'a pas lieu d'être puisque intégralement modelé par la main de l'homme, sur la volonté d'un souverain bâtisseur unique et dont le fantôme rôde pour toujours sur ce domaine royal. Tout est d'une force incroyable et qui nous happe d'emblée.


L'entrée de Volnay et du moine en piste est majestueuse. J'oserais presque une comparaison avec une entrée martiale signée Dark Vador pour le commissaire aux morts étranges. (Une attitude, la force, le caractère, la rectitude).
L'impertinence quasi immédiate du moine est rafraîchissante et vivifiante dans un monde où les faux semblants règnent en maîtres car tout y est factice, fabriqué, contrôlé.


Après cette nouvelle enquête sera l'occasion de renouer avec Paris, enfin surtout Versailles, des protagonistes dits secondaires alors que rien, ni personne n'est véritablement secondaire. C'est juste une question de point de vue et encore.


Dans ce nouvel opus, bien des sujets abordés directement ou indirectement résonneront dans nos têtes comme étant très contemporains. Faut-il donc y voir une persistance des problèmes ou bien une incapacité à les résoudre pour l'Homme ? Par exemple la capacité de rendre responsable les "étrangers" des problèmes de violence ou de délinquance : Sartine parlera de la racaille transalpine.
Il y a aussi les multiples références à l'état économique du royaume de France, ses problèmes de gouvernant, de responsables dignes et responsables...
Que dire des inégalités sociales criantes ? De la misère qui grandit toujours plus, tout comme la richesse de certains privilégiés.
Guère étonnant que le moine toujours en avance sur son temps sente déjà se lever une brise révolutionnaire, brise qui est bien tempétueuse dans son esprit éprit de liberté. Il ferait bien tomber quelques têtes, mais...


On ne se révolte pas si aisément. Il y a tant de jeux de pouvoirs, de domination, de servitudes que briser ses chaînes n'est pas chose facile.
Vous verrez que durant cette lecture, l'Homme est habile pour accroître son emprise sur les sujets plus faibles, réduire leurs marges de manœuvre au point peut-être de se ferrer lui-même.


Les relations homme-femme seront aussi abordées avec là encore des jeux, des abus de pouvoirs, de la lassitude, de la routine, des hésitations, des incompréhensions, des non-dits...
Des notions de féminisme avant l'heure seraient à relever.


Globalement et comme toujours, le décor est merveilleusement posé. On vit l'intrigue, on est transporté au XVIII ème.
Les psycho-rigides maniaco-historiques dont je fais partie, trouveront une erreur de filiation (à trois reprises au moins) qui leur fera dresser les cheveux sur la tête, mais si elle est dommageable historiquement, elle n'est en rien gênante pour l'intrigue. De plus et pour rassurer ces personnes, je sais de source sûre (l'auteur lui-même en fait) qu'elles seront corrigées pour les versions de poche. Ouf, on peut respirer, et ronger son frein car la suite des aventures du moine et du commissaire aux morts étranges, ce sera dans un an. Cela va être long, mais long...

Emeralda
8
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le 23 mars 2017

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Emeralda

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