Enola Holmes apprend la disparition du docteur Watson, le fidèle acolyte de son frère et décide de se lancer à la recherche de ce dernier…


Ce tome est pour moi le meilleur de la série. La principale raison est qu’il a enfin une enquête digne du nom de Sherlock Holmes. Je m’explique : Holmes est connu pour résoudre des mystères très… mystérieux. Non, je plaisante mais ce qui est intéressant avec le personnage, c’est la manière dont nous sont présentées ses histoires : il y a toujours un crime avec un élément très mystérieux qui fait craindre à la police qu’ils vont être dans l’incapacité de résoudre l’affaire. En fait, quand on analyse les livres de Doyle, on se rend compte que l’incompétence de la police vient surtout du fait que, à l’époque d’Arthur Conan Doyle, la criminologie venait d’être créée et que Sherlock Holmes en est le précurseur, là où Scotland Yard utilise encore des méthodes archaïques d’où son incapacité à résoudre un « simple » crime. Par chance, comme depuis la criminologie a bien avancé sans pour autant reprendre entièrement les méthodes de Sherlock Holmes (je ne connais pas grand-monde qui soit capable d’analyser le trajet d’un criminel à partir d’un coup d’œil de ses chaussures), les adaptations holmésiennes ont adapté les méthodes d’Holmes, ainsi que les affaires qu’il résout. C’est ce qu’on voit très bien quand on regarde la série Sherlock où les affaires ont dû rivaliser de complexité criminelle pour être « intéressantes » aux yeux du détective consultant.
Or, ici, Nancy Springer a voulu rendre hommage aux livres de Doyle tout en nous expliquant qu’Enola prend toutes les affaires que son frère ne veut pas, notamment parce qu’elle a réussi à vendre son agence de détectives comme LE lieu où on peut venir si on est désespéré (et normalement, après avoir essuyé un refus du grand frère Holmes, déjà dernier espoir, on est bien désespéré). Comprenez aussi que c’est une bonne excuse pour l’autrice pour ne pas avoir à se fouler pour trouver des affaires complexes pour la petite sœur d’Enola, dont les aventures ne seront de toute façon lus que par un public très jeune.
Du coup, quand on analyse les enquêtes que la cocotte a, on finit logiquement par se demander : comment fait-elle pour se retrouver si régulièrement en compétition avec son frère ? Dans le premier tome, c’était un enlèvement qui cachait une fugue (Holmes ne s’y intéresse en plus quasiment pas) ; dans le deuxième, une lady a disparu de sa chambre à coucher (on comprend déjà un peu plus ce qui peut intéresser Holmes, puisqu’il a pris l’affaire, mais quand même) ; ici, c’est le docteur Watson qui disparaît. Là, sans aucun problème, l’affaire est assez complexe (et touche une personne qui lui est assez chère) pour que le grand détective s’en occupe… c’est juste après dommage qu’il n’est pas réussi à lire correctement un bouquet de fleurs alors qu’il était en plus dans l’apprentissage de leur langage fleuri.
Mais quand on analyse la suite des tomes, on se pose de sérieuses questions : qu’est-ce qu’il y a d’extraordinaire à essayer de chercher à sauver une jeune fille du mariage (et ce, même si la jeune fille est liée à une précédente affaire) ? Ou à retrouver un banal message dont on sait déjà entre les mains de qui il pourrait être ? Ou à retrouver une autre lady qui a disparu en prenant le métro ? Non pas que ces mystères ne soient pas assez holmésiens mais ils ne sont pas assez prenants pour que, en les relisant, on se demande s’ils soient véritablement à la hauteur du détective.
Comme en plus, on suit le point de vue d’Enola et que cette dernière met parfois une centaine de pages à comprendre une évidence… et que son frère semble toujours être trois pas derrière elle. Bon, comprenez, on finit par se demander si Sherlock Holmes ne serait pas un peu mou dans cette série littéraire, sous le prétexte qu’elle est faite pour les 8-14 ans. C’est un peu frustrant, donc, quand on le relie à un âge un peu plus avancé, de voir qu’un de tes plus beaux souvenirs littéraires d’enfance est un peu moins bien que prévu.
Mais ici, ça passe parce que c’est véritablement la meilleure enquête d’Enola Holmes. On comprend sans aucun problème comment elle peut « dépasser » les déductions de son frère, bien qu’on se désole qu’elle perde son temps dans la conclusion, notamment autour de « Gus ».
De plus, on sent que tous les éléments qui font la force sont réunis à la perfection et ça fait plaisir.

Créée

le 9 déc. 2020

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