Écrire l'enfance, propice à tous les clichés, quoi de moins clair et linéaire ? Un récit clair-obscur, comme "le pays d'où l'on ne revient jamais" propose une belle manière de brouiller ses pistes, et de nous faire partager les doutes, les hésitations de l'enfance.
Des rappels de couleurs, une ville immuable et pourtant changeante, l'ambiance des années 80, la tentation du départ "quand je serai grand", des bribes de souvenirs générationnels amènent une ambiance pudique, intime et pourtant tellement commune.
On ouvre un autre album, on découvre un carton caché. Il y a tellement
d'images.
Tout se passe dans l'entre-deux, une ville pour chaque parent, deux âges qui s'envient, des retours saisonniers, où une frontière étatique marque la frontière personnelle.
On porte sa ville en soi, son passé, mais on ne sait pas pourquoi il
nous plombe. On ne sait pas pourquoi on ne sait pas vivre.
Car le manque d'amour nous fait le chercher dans la moindre relation.
Puis un livre nous fait ressentir ce possible bonheur, et ces occasions à ne pas gâcher.
Et comme héritage, restent quelques visions, des fêlures, et l'incertitude quand à savoir vraiment quand et où se décide ce que l'on deviendra.