Comme vous l'avez sûrement compris et déjà lu sur le blog, la collection Art Noir de chez Cohen&Cohen mêle adroitement polar et art. Cette fois-ci, Michel Dresch situe son histoire en plein milieu du monde de l'art contemporain. On y parle installations, rentabilité, vente, cote, ... et si l'artiste aspire à d'autres moyens d'expressions on lui fait savoir que ce qui se vend c'est ce qu'il fait actuellement, le plus facile, le plus accessible qui est également le travail dans lequel il met le moins de lui-même. Ce n'est pas très reluisant, l'auteur explique comment faire monter une cote artificiellement -et non pas la côte que l'on monte réellement, pouf pouf- , comment des galeristes se sont retrouvés ruinés lorsque leur stratagème n'a pas fonctionné et comment parfois, une bonne idée déclinée jusqu'à la caricature peut rapporter à l'artiste et au galeriste. Cela, je le savais un peu pour avoir visité une exposition d'un artiste local et assez reconnu qui peint toujours les mêmes thèmes, jolis certes, mais répétitifs, et chaque visiteur de s'exclamer sur la beauté, les couleurs, ... alors qu'au bout de cinq, six, sept,... petits formats j'avais la sensation d'avoir fait le tour de son œuvre ; mais bon, il vend !


Tout n'est pas glauque dans le monde de l'art, Michel Dresch parle aussi de la création, de la volonté de créer, de changer, notamment lorsque Kovacs revient à la peinture, et même si le sujet est plus abordé que traité, j'avoue qu'il ne me déplairait pas d'accrocher chez moi l'une des toiles décrites.


Et l'intrigue dans tout cela, eh bien, elle suit son cours tranquillement, un peu comme les méthodes du commissaire Joubert. On peut deviner assez vite le nom du (ou de la ou des) coupable voire même ses motifs d'action -ce que j'ai fait- et lire cette histoire jusqu'au bout avec grand plaisir, notamment grâce au contexte décrit plus haut, mais aussi grâce aux personnages créés par l'auteur : Kovacs, Johana la maîtresse, Axel l'ex-mari, Marie-Paule la nouvelle maîtresse, Lassus le galeriste, les autres peintres, les flics, mais surtout les cinq premiers nommés et les relations entre eux. Rien n'est clair au départ entre eux tous, le mystère s'épaissira même en cours de route, l'argent, l'amour, la création la jalousie, tous ces paramètres exaltent les sentiments et les ressentiments voire les rancœurs. Un travail de Michel Dresch bien mené, dans une écriture agréable, fluide. Bref, un très bon moment de lecture. En plus, comme d'habitude le livre, une fois fermé est d'un noir absolu puisque les tranches des pages sont de cette couleur ce qui lui confère un attrait certain.


Si ce n'est pas encore fait, je vous invite à découvrir cette collection Art Noir chez Cohen&Cohen, de belles surprises vous y attendent (et même citée plusieurs fois avec lien vers son site, je n'ai aucune action dans cette maison... malheureusement).

YvesMabon
8
Écrit par

Créée

le 18 avr. 2016

Critique lue 72 fois

Yv Pol

Écrit par

Critique lue 72 fois

Du même critique

Hoka Hey!
YvesMabon
10

Critique de Hoka Hey! par Yv Pol

Très belle grosse bande dessinée. Traits, couleurs, paysages, personnages très soignés pour un ouvrage de qualité. Les paysages sont superbes, on se croirait dans un film. Les personnages ont tous...

le 7 mai 2023

7 j'aime

La Couleur des choses
YvesMabon
10

Critique de La Couleur des choses par Yv Pol

Précisions liminaires : Martin Panchaud est suisse et cet album est paru d'abord en langue allemande en 2020 avant de trouver un éditeur français. Il vient d'obtenir au salon de la bande dessinée...

le 13 févr. 2023

6 j'aime

Zemmour contre l'histoire
YvesMabon
10

Critique de Zemmour contre l'histoire par Yv Pol

J'ai du mal à saisir la ligne éditoriale des éditions Gallimard qui publient ces tracts hautement instructifs et intelligents et qui, il y a quelques années voulaient publier les pamphlets...

le 6 mars 2022

6 j'aime