"Le premier miracle" de Gilles LEGARDINIER, (Ed.: Noyelles, octobre 2016) est un roman qui nous embarque dans une histoire abracadabrante qui réunit un historien, Benjamin Horwood, et une agent secret, Karen Holt, travaillant au sein d'un service où les agents sont, en général, payés pour ne rien faire. Pour une fois que le service est confronté à un vrai gros problème, son responsable veut embaucher un historien dont le seul mérite, à ses yeux, est d'avoir rédigé une thèse à propos de la fascination des dictateurs pour les reliques ésotériques.
Et le lecteur d'être embrigadé dans une folle équipée, un peu partout dans le monde, à la recherche de ces pilleurs de sites antiques. Dans chaque cas, tombeau sumérien, pyramide égyptienne, catacombes de chapelle ou grand collectionneur privé, ce sont toujours des pillages très réglés, manifestement documentés qui visent à rassembler tout le matériel qui s'est révélé nécessaire pour l'accomplissement du premier miracle.
Plongé dans ce monde qu'il ne connaît pas, Benjamin, va se protéger des violences qu'il soupçonne par l'activation de son arme secrète: l'humour. Un humour décalé, décapant, capable de générer des réponses positives aux crises d'angoisse qu'il va devoir affronter. Karen, en bon agent secret, alliera son charme à l'efficacité qui est la sienne pour anticiper tous les pièges dans lesquels on les poussera. Elle sera son ange gardien... peu à peu, elle aussi, sera touchée par l'humour tendre de cet expert en histoire, tandis que lui, peu à peu, tombera amoureux de la belle Karen.
Tous les ingrédients sont là. Le roman peut s'inscrire dans une fiction qui étonne, détonne et trouve un parfum de légèreté dans l'histoire d'amour qui doit être d'autant plus belle qu'elle est happée par la sombre découverte d'un navire de guerre allemand et d'une société pour qui la guerre n'est pas encore finie, le monde étant à reconstruire sur base de la force légitime que pourrait procurer le renouvellement du premier miracle...
Au-delà de la truculence des échanges de répliques entre Benjamin et Karen ou ses supérieurs, au-delà des nœuds convenus et des dénouements prévisibles pour faire avancer le roman, l'auteur veut toucher son public par l'humanité qu'il donne à ses personnages et la rencontre qui peut bâtir un avenir, même au prix du sacrifices, de la reconnaissance de ses erreurs et de la volonté de repartir sur des nouvelles bases en tenant compte des expériences du passé. Un livre donc qui se lit très facilement, pour la clarté de son scénario, la mise en place de personnages typés et sympathiques et, en plus de tout cela, un livre qui interroge le lecteur sur les valeurs à défendre dans notre monde pour qu'il puisse encore exister! Chouette roman de vacances!