Brûler la Cathédrale, rouge sous le soleil
Le Pyromane est un roman étrange. Partant volontiers dans des directions parfois saugrenues – le chapitre des chats écrasés –, il semble parfois n’être qu’une vaste blague ; à d’autres moments, il prend l’allure d’une très sérieuse, et très pertinente étude de ce que peut représenter la folie… du point de vue de celui qui la subit.
Le narrateur vit, seul, dans un appartement décrépi de Strasbourg. Et l’on assiste, aux premières loges, à la lente dégradation de sa santé mentale ; ses pérégrinations hallucinatoires dans les rues de la ville où la cathédrale s’enflamme sous le soleil ; les longues passées à contempler, non : à surveiller la cuisinière qui pourtant persiste à allumer le gaz à son insu ; les actes subits, inexpliqués, inexplicables – parce qu’il ne veut pas faire le mal…
Une gêne persiste sur le roman : il est toujours douteux de prétendre que les actes racontés ici sont de l’ordre du réel ou bien du fantasme. Le narrateur, étant manifestement fou, n’est évidemment pas digne de confiance – d’où une ambiguïté qui place sur tout le récit, amenant le lecteur à tout remettre en question