Le soleil noir du rock français. Olivier Caudron, de Lili Drop à Olive par valerdaviep
C’est amusant le destin des formations françaises de rock ; et la considération dont elles jouissent l’est autant. La langue elle-même est souvent attaquée pour sa supposée difficulté à la faire sonner. Aussi de nombreux groupes ont opté pour l’anglais avec plus ou moins d’aisance et de réussite. Pourtant, certains sont parvenus à faire résonner leur langue maternelle. Parmi ceux-ci, les injustement méconnus Lili Drop, portés par leur âme Olive. C’est à ce dernier que Jean-François Jacq rend hommage le temps d’un peu moins de 200 pages, agrémentées de photos et extraits (de paroles, d’interviews, de brochures de presse…) et augmentée d’un petit précis discographique.
Olivier Caudron, alias Olive ou encore Lili Olimao, est un mystère. Connu, et en même temps délaissé, hors du temps et des modes. Un peu à la manière d’un Arthur Rimbaud, il a son public et un entourage (de) fidèles (au moins un temps) ; il est mal connu notamment de lui-même ; part s’exiler pour revenir le torchon brûlé par les deux bouts ; il est redécouvert laissant alors un vide, désormais impossible à combler, de frustration. A la lecture des pages très documentées et précises (et ce n’est pas si courant pour ce genre d’exercice) de J-F Jacq, l’entourage d’Olive se dessine ainsi que leur rôle déterminant par exemple pour ceux qu’on ne présente plus : Téléphone. Mais nous croisons aussi Nico, avant qu’elle ne s’en aille enregistrer l’une des pierres angulaires du rock avec le Velvet Underground. Nous croisons Denis Bortek, qui enregistra une reprise d’un titre d’Olive sur la compilation Du rire aux larmes, et ses compères de Jad Wio. Un autre poète maudit se traine en la personne de Daniel Darc. Et puis Charlélie Couture, Enzo Enzo, et tant d’autres.
Jean-François Jacq nous livre ici plus qu’une biographie. Ecrite agréablement, rigoureuse, partisane et lucide à la fois. La trajectoire de ce Soleil Noir révèle sa lumière et l’ombre, les espoirs et les déceptions tant musicales que, surtout, humaines, les addictions d’Olive et son rapport aux autres et à lui.
Bref, à tous ceux qui disent aimer le rock et qui apprécient des textes qui ont du sens, Le soleil noir du rock français… est à lire d’urgence.
IV
Les Murmures.