Avec ses cartes, ses images à coller, ses chapitres brefs, Le voyage imaginaire se présente comme un livre pour enfants, écrit par un enfant. Il contient pourtant aussi un propos beaucoup plus ambitieux, posant en perspective le problème de la relation de l'utopie à la réalité pratique. On ne peut donc ignorer le contexte de son écriture (écrit entre 1928 et 1933) qui place l'histoire racontée, à cheval sur l'avant et l'après de la révolution russe. Qui fait donc se bousculer d'un coté la Schwambranie, ou la construction d'une contrée idéale sortit de l'imaginaire enfantin pour lutter contre la tyrannie des adultes, et de l'autre la révolution, qui met en apparence un terme aux formes sociales rétrogrades issues de la Russie tsariste.
Ce qui est posé ici, d'une manière sous-jacente mais particulièrement insistante, c'est l'exigence de ne jamais refermer les portes de l'imaginaire et de l'utopie sous le prétexte d'une matérialité qui finirait par vider la vie de toute substance et de toute saveur. Un regard quelque peu critique sur les temps présents, laisse à penser que la leçon a été fort mal entendue.