Est-ce que j'ai une gueule à lire ça...
...Ben, non. Pourtant, j'ai supporté ce calvaire sans broncher jusqu'à la dernière page.
Mais, puisque j'ai enfin l'occasion de gueuler, je vais le faire !
Bon, ça se passe à Meudon (une subtile allusion à Céline) et ça se poursuit aux États-Unis (une allusion un peu moins subtile à Salinger, Carver, Fante...). Il s'agit d'une histoire "réaliste", un peu comme chez Flaubert. Là, j'ai failli vomir, je préfère vous prévenir.
Bref, Lent dehors est un roman qui se targue d'emprunter aux plus grands (je l'ai pas inventé, même les critiques le disent) car Philippe Djian a des prétentions littéraires, lui. Sauf qu'il ne suffit pas de dire "bite", "cul" et "chatte" pour être "réaliste", bordel. De même qu'il ne suffit pas d'ancrer son récit aux États-Unis pour écrire comme les américains !
L'histoire est d'une banalité affligeante, c'est médiocre, vulgaire, gras. Vous pourrez toujours me rétorquer que l'histoire de Madame Bovary est également d'une banalité affligeante. C'est le cas, me semble-t-il (forcément, Flaubert s'est inspiré d'un fait divers). Mais là où le premier tente de hisser son récit vers le haut, le second le tire au maximum vers le bas. C'est ce qui en fait toute la beauté. Parce qu'il y a du beau dans le médiocre. Le réalisme, en tant que mouvement littéraire, ce n'est pas se contenter de décrire, c'est extraire le plus laid pour en faire quelque chose d'acceptable.
"L'organe génital est le fond des tendresses humaines."...Flaubert savait parler de fesses, lui, au moins. Oui, c'est le fond du panier, le cul. Mais c'est aussi ce qu'il y a de plus intime.
Bon, ben Lent dehors, j'aime autant vous dire que ce sera "en dehors" de ma bibliothèque, "histoire" de rebondir sur le jeu de mots pourri du titre.