Georges de Sarre, un jeune diplomate français envoyé à l'ambassade de France à Athènes entre 1937 et 1939 est le personnage central de cette chronique au vitriol de la diplomatie.
Le portrait de ce Grand Corps m'a rappelé celui qu'Albert Cohen faisait de la SDN dans Belle du Seigneur.
Avant d'être écrivain, Peyrefitte a lui-même été diplomate, notamment en Grèce et tant cette carrière que sa pédérastie assumée ne laissent planer aucun doute sur la véracité des situations décrites (lesquelles n'ont d'ailleurs pas été démenties à la sortie du livre).
Être diplomate en Grèce à l'aube de la deuxième guerre mondiale, c'est vivre dans un univers clos de galas, de secrets d'alcôve, de manigances, de décorations prestigieuses où les seuls contacts avec la population sont de discrètes passes homosexuelles avec les prostitués athéniens, dans les parcs ou dans des maisons spécialisées...
L'homosexualité d'une grande partie des personnages masculins (à commencer par George de Sarre, bien qu'il la refoule) est évoquée très librement, tout comme semblaient l'être les mœurs de l'époque dans la capitale grecque.
Peyrefitte déploie un vrai talent pour croquer en peu de mots les postures et manies grotesques des personnalités qu'il a côtoyées et il s'en donne à cœur joie dans ce livre intelligent (parfois un peu trop, entre les citations et des références aux grands noms de la diplomatie, on se perd parfois).
En bref, un livre qui n'a pas pris une ride (car il m'est difficile de croire que la Carrière ait changé en 70 ans comme l'attestent les couvertures des magazines dédiés aux turpitudes des grands de ce monde) et évoque tout en nuance et sans vulgarités des situations que des auteurs actuels ont du mal à décrire sans sombrer dans la glauque pornographie.
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