Je n'avais pas autant ri devant un livre depuis bientôt dix ans, quand je dévorais les Roald Dahl certainement.
Quelle légèreté, quelle grâce, quelle finesse !
Je ne dis pas pour le troisième qualificatif, mais pour les deux ouvrants, c'est clair, j'ai bien du mal à reconnaître l'auteur d'Aphrodite.

Au lecteur potentiel de passage ici : n'espère pas t'épanouir en son illustre compagnie dans le métro, les salles d'attentes, ou à la morgue. Tu aurais tôt fait d'attirer sur toi de pétulantes représailles de la part de tes petits camarades, après leur avoir hennit au nez avec chaque fois plus de panache.
Aussi ai-je bien été forcé de me cantonner à une lecture du soir, recluse, et même ainsi, en prenant mille précautions, je reste bien certain de m'être plus fait remarqué que si j'avais occupé mes nuits en compagnie des Marx Brothers.
Intéressante coïncidence, Haydn venait de se manifester à nouveau à moi avec une intégrale de ses quatuors à cordes. L'alchimie donnant les résultats les plus voluptueux, je peux maintenant recommander à tout un chacun de suivre mon exemple, de s'installer sous sa couette, et de mettre en marche une mécanique cérébrale – qui une fois lancée relève du pur délice – consistant en un va-et-vient circulaire ininterrompu en suivant, à peu de choses près, ce parcours : Haydn – oreille – cerveau – œil – Pausole – œil – Blanche Aline – œil – cerveau – Haydn – oreille – cerveau – œil – blanche Aline – œil – Blanche Aline – cerveau – Blanche Aline – œil – Pausole, et ainsi de suite, l'ordre n'important finalement que peu.

Dès que j'ai compris à quel point j'aimais, je me suis mis en tête de sortir quelques citations, mes moments préférés peut-être. Mais il y a tant de fois où j'ai proprement éclaté de rire, que ce soit grâce au sous-entendu coquet évoqué, ou simplement grâce à la tournure si délicate de Louÿs, que j'ai rapidement renoncé à équarrir un joyau pour en extraire de plus petits joyaux non moins intenses.

J'ai rapidement aussi pris conscience que je n'allais plus regarder un film tant que je n'aurai pas fini ce petit trésor enfantin.
Non, le plus remarquable – et adorable, c'est cette lubricité caressante qui flotte dans l'air et surprend au détour de chaque phrase, chaque mot, d'une façon toujours renouvelée.

Alors, certes, il a un petit coup, un effleurement, de mou au milieu. Mais de vous à moi, ça se remarque à peine.

Offrir ça à un jeune barbu esseulé de sa condition, c'est certainement s'assurer son allégeance sans sédition.
Et pour cause, quel monde ! Je veux aller vivre à Tryphème, à « L'Union tryphémoise pour le Sauvetage de l'Enfance », grand bien m'en fera.

Dorénavant, c'est décidé, il faudra pour me trouver vous rendre au 22 rue des Amandines, Tryphème, où je me pausolerai à l'ombre jusqu'à la fin de mes jours.
Adobtard
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le 30 mars 2013

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