« Les Évaporés du Japon » est un ouvrage que je souhaitais dire depuis longtemps, très longtemps. Il faut dire que le sujet est assez troublant et incroyable. Ce livre raconte avec minutie et véracité un phénomène totalement extraordinaire pour un Français. Le postulat de l’œuvre, c’est avant tout de donner la parole à des personnes marginalisées par la société et qui ont dû prendre une décision douloureuse pour elles, mais pas seulement. En effet, bien des passages du livre permettent à des évaporés de témoigner de leur vécu, parfois plusieurs dizaines d’années après le passage à l’acte. On découvre leur ressenti, les raisons toujours brutales, mais aussi leur parcours avant, pendant et après cet épisode traumatisant.
Ce qui m’a également beaucoup plus dans ce livre, c’est le fait que la parole est libre pour tout le monde. En plus des évaporés, les familles de ces derniers ont l’opportunité de témoigner. Sans surprise, les conséquences sont plus cruelles pour les proches. On est face à une réaction d’incompréhension, de tristesse, de remise en question. L’espoir ne tient qu’à un fil et c’est tout le côté dramatique de la situation : certaines familles tentent de croire à un retour, ce qui se déroule généralement dans les cinq ans après la disparition, quand d’autres ne se font plus d’idées plusieurs décennies après une évasion.
Ce livre-reportage dépeint une société japonaise suffocante en milieu professionnel. On y découvre aussi d’autres aspects de cette dernière, par exemple le quartier de Akihabara, les différents recoins des évaporés ou encore la ville de Toyota. Personnellement, en tant que lecteur, j’ai suivi de livre avec attention et je l’ai dévoré en moins de deux jours. Tous les témoignages sont impressionnants, que ce soit de la part des évaporés, des personnes qui les ont recueillis, ou encore des familles. Certains sont même édifiants. La morale de l’histoire est très fataliste : tirer un trait sur sa vie actuelle revient à condamner tout son entourage à la suite d’une décision fondamentalement égoïste, mais souvent de dernière chance…