Je n'avais jamais lu un livre de sociologie contemporaine aussi bien fait depuis longtemps. De plus,les Evaporés du Japon a été conçu par une journaliste et un photographe français sur un phénomène trés nippon, ce qui leur a demandé une immersion totale,une exigence de travail particulière. En effet, les concepteurs de ce livre ont enquêté sur les disparitions volontaires au Japon. C'est depuis une soixantaine d'années un phénomène de fuite alternatif au suicide mais pas seulement. En effet, femmes et hommes "disparaissent" au Japon à cause d'un burn-out dans l'entreprise, une rupture familiale en général ou des dettes même si ce livre aborde des cas particuliers sidérants.
De plus, ces évaporés ont malgré leur situation délicate engendré plusieurs réactions en chaînes. En effet, il y a plusieurs business plus ou moins louables autour de ces gens comme des entreprises clandestines qui les aident à disparaître de la circulation, des détectives qui assistent des familles pour retrouver leurs évaporés ou encore les yakuzas (mafia japonaise) qui emploient ces sans attaches fixe à des basses besognes (ramasser les déchets radioactifs de Fukushima pour ne citer que celle-là). Au milieu de ces gens plus ou moins recommandables se dressent aussi des associations à but non lucratif qui recueillent les évaporés et les aident à retrouver leurs repères dans une nouvelle vie.
Ce qui m'a plu c'est l'adéquation entre le texte du livre et les photographies intervenant en fin de chapitre. Léna Mauger et Stéphane Remael ont également fait des rencontres déterminantes pour bien décrire le phénomène d'évaporation. Sincères,ils confient élégamment la difficulté d'enquêter sur un tel phénomène dans cette société japonaise extrêmement codifiée et exigeante. Je recommande son livre pour son honnêteté dans l'investigation menée ainsi que pour son humilité.Deux qualités essentielles à mon sens. Le lecteur sent aussi par moment que le binôme s'égare de leur sujet mais c'est pour mieux le relier au phénomène de disparition. C'est ainsi que le monde de l'entreprise,de la mafia se voit décrit plus précisément. Une ultime citation du livre pour clore cette critique: "Arimura voit les évaporés comme cela:des hommes seuls,mais libres.La solitude pour rançon d'une liberté sauvage."
Specliseur
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le 3 janv. 2015

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