Les garçons de la cité jardin
Dan Nisand
Les avrils
S'il y a bien quelque chose que nous connaissons dans la région, dans notre patrimoine architectural, ces sont ces habitations, à la base toutes semblables, qui jouxtent au plus près du lieu de production industrielle : courées, corons ou encore cités jardin. Paternalisme éclairé ou moyen de soumettre une main d'oeuvre bon marché à l'entreprise qui la fait travailler, trimer diront certains, mais aussi qui la loge, la chauffe, la divertit voire l'instruit; chacun choisira selon son point de vue. Il y avait néanmoins une forme de micro société dans ces cités jardin dépeintes dans son livre "les garçons de la cité jardin", paru aux éditions les avrils.
Melvil vit avec son père Aymé et son frère dans la cité jardin Hildenbrandt, situé dans l'Est de la France, cette terre qui a basculé en Germanie pendant plus de 40 ans. Après le décès de la mère Frédérique, la vie se passe dans cette communauté où Hippolyte, l'ami de longue date, raconte l'histoire de la cité à travers celle de son aïeul, son créateur. Mais, un jour , un appel téléphonique va bouscouler et basculer ce quotidien avec une nouvelle qu'ils n'attendaient plus depuis des années. Et ce coup de fil aura des conséquences sur la communauté , faisant resurgir des histoires passées qui ne devaient pas remonter.
En voilà une belle istoire pour cette rentrée littéraire. Dan Nisand nous propose cette très intéressante fiction afin de nous faire découvrir de l'intérieur la sociologie de cette cité jardin, héritage du paternalisme chrétien de l'Est, proche de celui de notre région, qu'il soit textile ou minier. Il place son récit , non pas à sa génèse, mais plutôt à ce qu'il en reste aujourd'hui et c'est cela qui est captivant. Cela montre bien l'empreinte que la cité jardin garde sur ses habitants, sur leur us et coutumes et combien l'habitat et la collectivité conditionnent les trajectoires et les interactions. Et, ce qui ne gâche rien, c'est le style utilisé par l'auteur. Dan Nisand crée un décalage intéressant entre la préciosité stylistique dans les descriptions et les dialogues plus directs entre les protagonistes. Il arrive subtilement à cette imbrication pour partager le quotidien âpre de Virgile, Melvil ou encore Nelly. Ne passez pas à côté des garçons de la cité jardin, en plus d'une bonne histoire , vous connaîtrez mieux ces espaces où la vie se vit avec l'Autre.