Ma première (et surement dernière) chick-lit. Oui. une putain de chick-lit. (j'aurais du me douter en voyant l'escarpin à talon sur la couverture...) Celle-ci est tout de même un peu plus amère et sans cucuterie amoureuse, encore heureux!
En bref, une chick-lit est un roman écrit par une femme "pour les femmes". Il met en scène un personnage féminin désabusé, "émancipé" et moderne, souvent branché car travaille dans la mode, la publicité ou le journalisme. Le relationnel a une part importante dans la chick-littérature car le personnage a une vie amoureuse, familiale et amicale trépidente pleine de passionnants rebondissements. L'autodérision y est généralement prégnante. Le journal de Bridget Jones et Le Diable s'habille en prada sont des exemples les plus connus.
Dans notre bouquin, le personnage principal a très vite le profil du personnage caractéristique d'une chick-lit. Sauf qu'ici, elle n'a de branché que le prénom et le poste de travail. Angelina est chargée de production pour une chaîne de télévision. Eternelle anonyme, n'inspirant que du mépris et de l'indifférence même par sa propre famille, notre personnage esseulée "ronde, petite et trapue" subit la perfidie de sa connasse de collègue et se fait exclure d'une façon presque naturelle par toute forme de vie humaine. Un jour, elle décide de se venger de toutes ces humiliations quotidiennes en ayant l'idée saugrenue de tuer une de ses collègues : Marie, jeune et belle présentatrice à qui la vie semble beaucoup plus simple. Ce meurtre devient une obsession pour Angelina qui bascule (légèrement) dans une folie névrotique.
Voici tout à fait le genre de bouquin qui me fait dire "dommage, j'aimais bien l'idée mais ça aurait pu être mieux..."
Ce qui rend le personnage d'Angélina original par rapport à ses congénères de littérature "féminine" c'est donc le retranchement extrême qu'elle prend, celui de préméditer, voire même de fantasmer sur un meurtre. C'est d'ailleurs l'évolution de son état d'esprit qui m'a poussé à lire ce bouquin dont le décors (le monde de la télévision) ne m'attire pas du tout.
Angélina est très amère et ses pensées clairement misanthropes frôlent le nihilisme. Cela met en lumière l'impitoyable et absurde acharnement compétitif que l'humain déploie dans le monde du travail, et dans sa vie en général.
L'auteure propose aussi une réflexion sur le pouvoir de l'image, du regard des autres sur les relations humaines, ce qui est également appréciable à lire.
Pourtant, j'ai été déçue par la fin, qui arrive sans surprise et va dans le sens d'une morale bateau qui s'éloigne de ce que j'espérais être la thèse initiale de l'auteure. Les Grimaces ne propose peut-être pas de romance lue et relue, mais à la place une relation entre Marie et Angélina qui évolue vers le superficiel et le banal
puisqu'elles vont devenir 'bestfriendsforlife' car, malgré les apparences, elles sont toutes les deux prisonnières de leur image et victimes des méchants gens superficiels et avides de gloire qui les entourent...
Le style est simple, un peu vulgaire (on aime ou pas). La critique de l'auteure sur les relations humaines et le regard d'autrui dans nos sociétés surmédiatisées reste malheureusement plate et peu approfondie ; j'aurai également aimé qu'elle développe un peu plus l'image du titre des grimaces, qui est tout à fait pertinente.
En conclusion, même si l'idée de base est intéressante et que les pensées d'Angelina sont bien retranscrites, le récit reste malheureusement peu original et la thèse de l'auteure, malgré mes espoirs, est banale, légère et toute faite. Au moins ne se fatigue pas à lire et encore moins à réfléchir...
Bref, c'est une bien longue critique pour une chick-lit...