Le pitch nous en dit déjà beaucoup sur les gants à prendre avant de se lancer dans ce roman. Un livre prenant et très chaud où de vrais vilains garçons font de plus vilaines choses encore à des pauvres types innocents. Rain Carrington propose un monde mafieux constitué de vrais salauds sans remords pour qui le crime est une activité aussi naturelle que de respirer.


Certains seront plus attachants que d'autres comme Blaine, l'une des jeunes brebis innocentes, pris entre les feux de dangereux criminels qui l'aiment, le martyrisent et le protègent. Blaine, ce jeune garçon qui n'est qu'amour et simplicité, qui fait de mauvais choix tant il est en demande d'affection mais qui, heureusement pour lui, a l'art d'attirer aussi les meilleurs sentiments autour de lui. Ce jeune homme qui rêvait de fleur bleues, et qui est plutôt tombé sur un sac d'orties en guise de premier amour, pourrait apparaître naïf voir stupide si ce n’était sa fraîcheur juvénile et sa candeur touchante qui en font au contraire un personnage fragile. Blaine qui va mûrir à coup de soumissions et de menaces pour finalement trouver le vrai maître de son cœur avec Dante le frère mafieux d'un chef de clan qui réussit à le sortir des griffes de son premier amant psychopathe. Dante est probablement la part acceptable du récit avec sa représentation d'un dom attaché à ses soumis. Il est séducteur, dangereux et pourtant bien plus attirant que la plupart des hommes que l'on croise ici par sa façon d'aimer et de traiter les autres.


Troy le terrible, ou le personnage que tu vas immanquablement haïr au point d'imaginer toutes sortes de morts plus ignobles les unes que les autres, est un être abjecte, associé au frère de Dante. On a un peu de mal à comprendre que ses actes soient aussi facilement validés par le reste du clan sous prétexte de sens de la "famille" mais c'est aussi une vraie réussite en terme de création de personnage. Tout comme on explique pas très bien la totale soumission de Dustin qui pourrait trouver une protection auprès de cette même famille et surtout auprès de Blaine. Mais les personnages, soumis ou dominants, étant plus complexes qu'il n'y parait, rien n'est vraiment surprenant.


La famille est un roman très dur, presque "pénible" mais en même temps logique et cohérent. En effet, on ne peut s'attendre à une quelconque morale ou charité de la part d'un milieu qui fait sa fortune sur la souffrance des autres et sur la dominance par la violence. Des mafieux au cœur sensible c'est pas des mafieux, faut pas se leurrer!
L'auteur a en plus mélangé le bdsm et la violence du grand banditisme ce qui amplifie encore la notion dark de cette histoire. Elle réussit à concevoir des scènes de SM aussi chaudes et torrides chargées d'amour que chaudes et malsaines bourrées de haine selon les couples. C'est avec une écriture simple, dynamique et directe qu'elle parvient à rendre ce récit vraiment prenant, presque angoissant, et on reste vraiment ,malgré nous, suspendu au fil des pages qui suintent du coté de chez Scarface. On est pas noyé dans le sexy mais bel et bien dans le meurtre et la dominance que ce soit celle des territoires ou celle des corps.
On assiste à un combat au sein du clan plus qu'à une rivalité des familles, à un combat des hommes, les uns pour leur familles, pour leurs frères et les autres pour leur être aimé.


La fin, à l'image du récit entier, est très violente et donc bien sur très dark, mais l'auteur nous offre (et heureusement pour moi qui ne suis fan ni de bdsm ni de dark) tout de même un épilogue heureux pour nos héros principaux. J'ai en revanche, plus de mal à accepter la reconversion de Devin dans un cauchemar dont il est a peine libéré comme sa validation d'un milieu qui se livre ni plus ni moins au trafic d’êtres humains et à l'esclavage sexuel.


Il est toujours difficile de rester objectif sur une lecture qui heurte nos sensibilités, de parvenir à tout de même mettre en exergue la qualité d'un écrit qui froisse sérieusement nos croyances et la romance dark est l'exemple typique du débat houleux du "peut on tout écrire ou du moins tout romancer"? J'aurais tendance à croire que oui, que des mots couchés sur le papier, illustrant les fantasmes les plus sordides, seront toujours mille fois mieux que des actes accomplis dans une réalité encore plus sordide.
Même si à titre personnel, je pense que l'entrave sexuelle ou sentimentale, la soumission, l'humiliation et la souffrance non consenties ne s'apparentent pas à de la romance, force est de constater que cela a son public. Alors si Rain Carrington ne cautionne à aucun moment ce type d'actes, elle nous livre juste un univers sombre et détestable qu'elle parvient à dépasser dans un récit dont on ne peut nier l'impact prenant et envoûtant. Si je ne comprendrais jamais l'envie de porter un collier et d’être considéré comme un animal (en ayant parfaitement conscience que c'est loin d’être l'aspect unique du bdsm en général ), je peux par contre apprécier la tentative réussie de créer de l'amour au sein d'un monde très glauque.


C'est un roman à prendre avec de grosses pincettes, à tenter si l'on a l'esprit ouvert ou du moins curieux et le cœur pas trop sensible tout de même. Si par contre, on aime les lectures difficiles et plus tortueuses, les personnages pas si clairs que ça (que ce soit du cote des soumis ou des doms) et les situations plutôt violentes alors lancez vous. Je sais que je lirai sans nul doute la suite, car Rain Carrington a su titiller un je ne sais quoi qui dérange mais qui intrigue aussi énormément et je suis très curieuse de découvrir quel chemin elle va prendre avec ses hommes de l'ombre. Men in books

Yop-bea
7
Écrit par

Créée

le 30 août 2018

Critique lue 27 fois

Yop-bea

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Vampilou
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Un premier tome aussi brutal qu'addictif !

Avant toute chose, il est évident que ce roman n'est pas à mettre entre toutes les mains, il est difficile, violent, extrêmement explicite, donc âmes sensibles s'abstenir, mais si vous avez le coeur...

le 8 janv. 2018