Les Jours fragiles par Zéro Janvier
Fidèle lecteur de Philippe Besson depuis son premier roman En l'absence des hommes en 2001, je ne parviens pas à expliquer pourquoi il m'a fallu autant d'années pour lire Les jours fragiles, son cinquième roman publié en 2004. Je l'avais acheté dès sa sortie mais je l'avais mis de côté, pour une raison totalement oubliée depuis. Il est ensuite resté dans ma pile spéciale Philippe Besson, enterré sous ses futures publications aussitôt achetées aussitôt lues. C'est une bizarrerie que j'ai renoncé à m'expliquer mais que j'ai finalement réparée cette semaine. Heureuse initiative, car ce roman fait partie des oeuvres réussies de Philippe Besson !
Elle a grandi dans l'ombre de son frère, surdoué scandaleux.
Lorsqu'il a choisi de s'enfuir, elle a appris l'absence et le manque.
Aujourd'hui, l'exilé volontaire est de retour de ses lointains voyages et il la réclame.
Il ne lui propose que des jours fragiles, fébriles.
Elle accepte dans réfléchir.
Empêtrée dans ses frayeurs, guidée par un infatigable espoir, Isabelle Rimbaud est enfin prête, à trente ans, à cheminer aux côtés d'Arthur vers l'irréparable.
L'auteur fait un choix audacieux en faisant parler Isabelle, soeur d'Arthur Rimbaud, pour nous raconter les dernières semaines de la vie du célèbre poète. Une fois de plus, Philippe Besson nous parle d'absence, de manque, de deuil. Il le fait bien. Avec subtilité, sans mélo. Sans concession non plus, puisqu'Isabelle ne nous cache rien de sa jalousie, de son agacement, de sa rancune, de sa façon de réprouver les moeurs de son frère. Malgré tout, Isabelle accompagne Arthur jusqu'au bout, devenant sa dernière amie. Si les premières pages sont un peu lentes, je me suis ensuite laissé entraîner par ce voyage, accompagnant avec une certaine émotion le poète et sa soeur vers l'issue inéluctable.
En tournant la dernière page, j'étais heureux d'avoir enfin pris le temps de lire ce roman oublié. J'en retiens ce passage, terrible :
J'ai accompagné un vivant à la mort. Désormais, c'est ce disparu qui m'accompagne, sur le chemin qui reste à parcourir