Après avoir lu toute la saga des rois maudits de Druon, j'ai eu envie d'en avoir la critique par les deux historiens qui se sont attelés à la tâche. Sous la houlette de Colette Beaune, qui nous avait déjà fait un peu le même ouvrage avec Jeanne d'Arc : vérité et mensonge, nous voici parti sur les traces des éléments réels des rois maudits, de ceux qu'on ne peut pas savoir, et de ceux qu'on sait faux...
Et bien non. Parce que le titre de l'ouvrage est un leurre destiné à piéger le lecteur comme moi. Car les trois quarts du livre sont là pour donner des détails historiques sur l'époque des rois maudits. On va vous expliquer tout le contexte de l'époque, parlant de choses qui n'ont rien à voir avec les rois maudits. Et, attention, j'adore l'histoire, j'ai même un Master d'histoire, mais le problème c'est que c'est pas ce que je suis venu chercher dans ce livre. Là je suis venu chercher des réponses comme : Mahaut a t-elle tué Jean 1er ? Jean 1er a t-il pu avoir une chance de survivre ? Charles IV a t-il vraiment refusé d'assister au sacre de son frère Philippe V ? Est-il possible que Jacques de Molay ait hurlé une malédiction sur son bûcher ? Alors, OUI, le livre en parle de ces questions, mais expédie les réponses mais ne s'y attarde pas et devient un livre d'histoire plus du tout centré sur les rois maudits par moments. Sur les 300 pages, une cinquantaine doivent vraiment parler de ces questions propres à la légende des rois maudits.
Qui plus est, le livre, sorti en 2005, oublie le dernier tome. Aucun mot sur Jean II ou Charles V ! Rien sur Charles le Mauvais. Mais le but n'était-il pas d'apporter un éclairage historique sur la saga ? Pourquoi oublier les derniers personnages ?
Les deux historiens ont le mérite de faire la part des choses entre la création littératire de Druon ; la vérité historique ; et les évènements "crus" par Druon (ou réutilisés) mais s'appuyant sur des sources historiques (genre le fameux Giannino qui se revendique Jean 1er, qui n'est pas une invention de Druon, même si ce n'est pas le vrai Jean 1er).
Un livre dont le projet était captivant mais qui se révèle être décevant : il ne va pas au bout de ses ambitions. Et c'est dommage.