Les sombres feux du passé raconte l’histoire du “docteur” Hata, un Japonais qui vit dans une paisible bourgade américaine. Tout à l’air parfait en surface : c’est un charmant monsieur à la retraite, aimé de ses voisins, qui habite une jolie maison. Mais à mesure que l’histoire progresse et qu’on se laisse imprégner par son incroyable atmosphère tragique, on découvre, comme le titre l’annonce, un passé terrible et des souffrances intimes. Outre l’écriture que j’ai trouvée très belle, et la grâce avec laquelle le personnage du docteur Hata est dépeint dans ses fêlures les plus touchantes comme les plus irritantes, j’ai été émue par cette histoire qui a su raconter et mettre en parallèle avec beaucoup de force la tragédie monstrueuse (la guerre) et la tragédie plus tristement banale : l’éloignement d’un enfant, la solitude. Dans les deux cas, on retrouve cette quantité de petits gestes qu’on n’a pas faits ou qu’on a malheureusement commis, qui peuvent avoir beaucoup plus d’impact qu’on ne le croirait, et qu’on peut regretter une vie durant. C’est ce que semble dire le titre original du roman, “A Gesture Life”.