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Le texte :


Chez Julie Gouazé, Le corps de Lola abrite plusieurs personnalités. Trois en tout, malgré ce que l’histoire peut laisser supposer. Nous avons la Lola prude, sage, timide et effacée. Nous avons la Lola impudique, offerte et provocante. Et puis nous avons la Lola, peut-être la seule et unique vraie Lola : celle qui fait la jonction entre les deux autres Lola, entre le petit ange bleu et le petit diable rouge.


Julie Gouazé confirme, dans ces « Corps de Lola », le style si particulier qui avait présidé à la publication de son premier roman, aux éditions Léo Scheer, « Louise ». Le rythme est court et effréné, un peu comme la vie de Lola, hachée entre la prude et la sauvage, qui doit passer de l’une à l’autre d’un simple claquement de doigt. Le style est donc haché et rapide mais on y sent tout de même un vrai et important travail : on est là encore dans la dualité entre un texte sorti des tripes et où pourtant chaque mot est pesé et réfléchi.


Julie Gouazé nomme son héroïne mais dépersonnalise à outrance ses partenaires : ils n’ont pas de noms pour être à la fois tout le monde et personne, comme pour épouser l’anonymat des personnes qui fréquentent les clubs échangistes où Lola traîne sa fougue, ses envies et ses désirs.


Julie Gouazé ne nous invite d’ailleurs jamais à juger Lola. Elle expose Lola tout comme Lola s’expose elle-même devant les autres sans prendre parti, sans porter un regard critique mais en essayant de comprendre comment (mais pas pourquoi) les changements de personnalité de Lola sont possibles. Le seul parti pris de Julie Gouazé serait en quelque sorte d’orienter le lecteur vers la vraie personnalité de Lola, celle qui ne se montre pas, celle qui n’existe que dans les quelques espaces laissés vacants par les Lola bleu et rouge.
Dans une société qui poursuit une course folle vers toujours plus de démonstration de soi, vers toujours plus d’exhibitionnisme, le livre de Julie Gouazé ressemble à un pamphlet contre celle-ci et prône un retour à plus de sincérité, envers soi et envers les autres, à plus de discrétion dans l’étalage de ses (im)pudeurs.


Julie Gouazé ne s’embarrasse pas de fioritures, fait l’économie des décors et des mises en situation, revient sur des thèmes précédemment abordés, laissant le lecteur parfois un peu perdu dans un flot dense et sans pause qui peut de temps en temps paraître répétitif.

Ga_Roupe
5
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le 26 sept. 2016

Critique lue 130 fois

Ga Roupe

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