L'écrivain omnipotent lasse parfois le lecteur en quête de sens.
Comme pour le dernier homme bon (chroniqué précédemment), j'avais choisi Les disparus de Dublin pour son enquêteur atypique à savoir Quirke,un médecin légiste. La toile de fond était également prometteuse puisque Benjamin Black (pseudonyme de John Banville) y décrit un trafic d'enfants (enlevés à leur mère à leur naissance) entre l'Irlande et Boston dont la plaque tournante est un couvent de bonnes soeurs américaines. Vous suivez toujours?
En substance, l'auteur a étayé l'enquête du légiste sur l'enlèvement de Christine Falls, sa méfiance vis à vis de son beau-frère impliqué et la façon dont ce fait-divers aura une résonnance sur sa propre vie sur trois parties denses.Comme ces trois intrigues s'imbriquent continuellement tout au long du roman, difficile d'associer distinctement ce puzzle narratif. En effet, les deux premières parties sont vaporeuses,floues,décourageantes et je n'ai pas lâché le livre à cause du personnage de Quirke, seul contre tous face à des gens qui jouent un double-jeu et dissimulent leurs responsabilités dans cette histoire terrible. Et puis l'illumination intervient au début de la troisième partie.
C'est véritablement à ce moment précis que Benjamin Black rend palpable ses intentions.En tant que lecteur, vous réalisez que cet anti-héros de Quirke s'est attâché à cette enquête puisqu'elle lui a permis de faire la lumière sur sa propre vie remplie de zones d'ombres. En voulant trop posséder ses lecteurs, Benjamin Black a pris le risque de perdre leur intérêt, leur attention en chemin et c'est vraiment dommage.Une plus grande visibilité dans l'intrigue lui aurait permis de faire un chef d'oeuvre au lieu d'un roman passable.