Les faits tout simplement

Résumé : Nous parlions sur la rampe du parking, avec Jack. Frank est arrivé et il l'a descendu. Puis Frank est parti et il est allé se suicider au fond du parking. C'est tout. " Mais ni policiers, ni assistante sociale, ni enquêteurs de tout poil ne sont prêts à se contenter de ce récit des faits bruts. De quoi parliez-vous sur la rampe du parking, Linda ? Tu connaissais ce Monsieur Perry que tu appelles Frank ? Il était l'ami de ta mère, c'est ça ? Tu as eu des relations avec ce Monsieur Green ? Tu l'appelles Jack ? Pourquoi ? Des relations intimes ? Qu'a fait Monsieur Perry après avoir tiré sur Monsieur Green ? Et toi, Linda, qu'as-tu dit à Monsieur Green ? Et qu'as-tu fait après ? Une autre serait abrutie par cette salve de questions, la séparation brutale d'avec sa mère et ses deux petits frères, le placement au centre chez les sœurs, sans compter le choc abominable de cette double mort violente. Mais Linda est mûre pour ses treize ans. C'est le genre de fille à qui les hommes d'affaires sont tentés de demander conseil pour leurs placements financiers, parce que c'est son passe-temps favori, et qu'elle ne fait rien à moitié. Le genre de fille que les professeurs voient arriver avec un grand sourire au service des fournitures parce qu'elle est la seule à user son crayon jusqu'au bout du bout du bout. Le genre de fille à tomber amoureuse d'un homme de cinquante ans et à lui demander, comme cadeau d'anniversaire, un panier plein de matériel de bureau. Alors, quand Linda lit dans le rapport préliminaire qu'elle a un quotient intellectuel en dessous de la moyenne et qu'elle s'est fait violer par Jack Green, elle décide de réagir. Et de rédiger elle-même ce rapport préliminaire. Les faits, les faits, et pas de sensiblerie dégoulinante et débile. Qu'on lui rende la justice qui lui est due. Qu'on la lise. A partir de 12 ans.