Ce qui m’a interpellé dans Les fruits tombent des arbres, c’est que son auteur a choisi un narrateur plus âgé que lui. Florent Oiseau, début de trentaine, parvient cependant à incarner très bien Pierre, ses doutes, son aquabonisme sur la vie en général et certains personnages en particulier ( son voisin Dalton Burgue, sa fille Trieste, son ex-femme). Le vingtième arrondissement de Paris est le microcosme où il vit et dont il nourrit ses réflexions existentielles.Suivre Pierre, c’est accepter une vie à contre-courant, des trajets en bus sans buts particuliers sur la ligne 69 de bus et des rencontres plus singulières que véritablement structurantes. La narration s’écoule et elle n’est pas faite pour éclairer le lecteur, mais lui proposer un regard libre, voir s’il apprécie la légèreté ou la profondeur.On se rend vite compte que Pierre adore faire surgir les proches de son existence comme des zébulons d’une boîte, qu’il n’a jamais fini d’avoir un avis définitif sur eux. Ce qui peut surprendre, au delà du fait que l’ordinaire prime plutôt sur le merveilleux, c’est comment Pierre ne sera plus l’oisif sans buts mais un autre plus curieux qu’il ne devrait l’être , plus sombre qu’on ne pourrait le croire ( lors de l’épisode Jean-Luc et ce qu’il découvre). Très maîtrisé au départ, Les fruits tombent des arbres à pourtant du mal à finir tout comme son personnage ayant choisi de ne pas statuer, de se laisser aller au gré du vent et il n’en pouvait qu’être ainsi. Si vous aimez les expériences de lectures pas vraiment balisées, le livre de Florent Oiseau pourrait vous plaire. Si vous êtes à la recherche de passages clairs et précis, d’une intrigue ficelée, et de personnages lumineux, ce n’est pas le genre de roman fait pour tout cela.