Billie, jeune dessinatrice en pleine ascension voit sa passion créatrice disparaître quand un coup de téléphone lui annonce le décès improbable de sa mère Louise noyée dans une rivière. Atteinte d’Alzheimer et placée en maison de retraite, cet acte est impossible à expliquer. Afin de régler ces affaires et en comprendre un peu plus sur cette mère abandonnée il y a si longtemps, elle retourne à V. son village d’enfance qu’elle a fuie suite à une tragédie. Mais elle découvrira qu’elle n’est pas la seule dans cette famille à avoir fuie quelque chose, laisser derrière soi un secret trop lourd à supporter.
Le début m’a un peu ennuyé je dois bien l’avouer. L’auteur joue trop sur le côté « mon personnage est torturé par un passé mystérieux et angoissant ». Il y a donc surenchère de pensées noires qui ramènent au drame sans qu’il ne se passe rien pour commencer à dénouer l’intrigue. Ça met du temps à se mettre en place, et quand enfin on y est la culpabilité de Billie est moins présente, plus saupoudrée. Il n’y avait pas besoin d’en faire trop pour accrocher le lecteur, la qualité de l’histoire se suffit à elle-même (plus on avance plus on a envie de lire la suite).
J’ai entendu parler il y a longtemps déjà d’une théorie de médecins spécialistes disant que certaines pathologies psychologiques sont génétiques. Ainsi certains tueurs en série ne seraient pas entièrement responsable car « ils sont comme ça », ils ne peuvent pas s’en empêcher puisque c’est écrit dans leur ADN. Ce roman suit un peu cette idée (pas des crimes en général hein!), que l’on est tributaire des actes de nos ancêtres, car inconsciemment nous reproduisons les mêmes schémas, les mêmes actions ou choix. Tout est lié par le sang, on ne peut échapper à son code génétique, celui qui nous défini en temps qu’individu.
Ainsi les actes d’Adéle la grand-mère de Billie se retrouvent en Louise et font écho à ceux de Billie justement. La culpabilité qui ronge suite à une mésaventure est un moment immuable dans leur vie, une constance, un rite immanquable. Toujours en lien avec les hommes, avec la passion qui rougit les joues des jeunes filles, elles font des choix. Des bons qui finissent mal au détour d’une rivière. Ça commence par un bonheur puis glisse vers la désillusion. Billie entend bien s’absoudre de ce fardeau, vivre selon son bien-être plutôt que de subir la charge familiale.
Un livre qui accentue sa tension sur la fin, dont on dévore les pages non pas pour connaître le secret de Billie mais afin d’apercevoir une percée de soleil en ces heures sombres. Le poids du passé, le regret, le manque de confiance et d’estime de soi sont le cœur du roman. On ne peut pas simplement fuir nos soucis pour qu’ils n’existent plus. Pour mieux retrouver l’envie de vivre, il faut trouver le nœud du problème pour en extraire l’écharde.
https://cenquellesalle.wordpress.com/2019/06/19/lobscure-clarte-de-lair-2/