C’est un premier roman étranger cette fois que nous sommes allées découvrir il y a peu : celui de l’américain Phillip Lewis, Les jours de silence (The Barrowfields dans sa version originale), publié chez Belfond et traduit en français par Anne-Laure Tissut. Un roman d’apprentissage très littéraire, où s’entrecroisent la naissance et la mort de l’écriture. Un peu trop flou tout ça ? Lettres it be vous en dit plus dans la suite de cette chronique !
La bande-annonce
Porté par une grâce et un style uniques, ce roman d’apprentissage livre le portrait complexe d’une famille du Vieux Sud pétrie de littérature, mais incapable de trouver les mots pour exprimer ses grandes joies et ses infinies douleurs. Convoquant Poe, Wolfe, Faulkner ou Salinger, Phillip Lewis livre un futur classique des lettres américaines.
Sur un contrefort élevé des Appalaches se tient une étrange demeure, curiosité de verre et d’acier, que chacun, dans le petit village d’Old Buckram, prétend maudite. C’est ici que vivent les Aster.
Il y a le père, Henry Senior, intellectuel autodidacte, homme de lettres révolté dans une contrée hostile aux bibliophiles. La mère, Eleonore, femme insoumise et lumineuse, qui partage ses journées entre la contemplation de la nature environnante et l’élevage de pur-sang. La cadette, Threnody, adorable fillette affublée d’un prénom imprononçable tiré d’un poème de son père. Et, au milieu, se tient Henry Junior, petit garçon sensible et attentif, qui passe le plus clair de son temps caché dans la bibliothèque, à regarder, fasciné, la figure paternelle noircir, jour et nuit, les feuillets qui composeront le roman de sa vie.
Des années plus tard, Henry Junior n’a qu’une idée : quitter Old Buckram. Fuir pour devenir un homme ; fuir les montagnes et ce silence intranquille qui le ronge ; et, surtout, fuir pour tenter de comprendre ce qui a poussé son père, un matin, à abandonner les siens, en emportant avec lui son mystérieux manuscrit…
L’avis de Lettres it be
C’est l’histoire d’une famille américaine. Nous sommes proches des années 50. Tout va bien dans la petite famille, jusqu’au jour où un drame arrive. Figure manquante du père, déchirement des liens existants, un personnage central qui se tourne difficilement vers son avenir… Vous baillez déjà ? N’ayez criante, l’histoire de ce roman, certes peu (ou pas) trépidante, est à mettre bien loin derrière la plume de Phillip Lewis. Pourquoi ? Les jours de silence est, en quelque sorte, un exercice de style foisonnant où le lecteur assiste à l’émergence d’un auteur courageux et décidé.
Petite parenthèse, à faire tout de même tant elle a son importance : la littérature est un personnage à part entière de ce roman. Entre les autodafés d’un roman de Faulkner, la philosophie qui se répand avec passion dans quelques chapitres et l’amour fatal que porte le père de famille à ces « tigres de papier », les lettres trouvent une place particulière sous la plume de Phillip Lewis. Et les références de s’accumuler tout au long du roman. On apprécie.
C’est simple : dans ce premier roman d’un auteur qui nous arrive tout droit de Caroline du Nord, le fond prend le pas sur la forme, chose assez rare pour le signifier avec intérêt. L’histoire de ce roman ne captive pas, ne tient pas vraiment en haleine. Mais, page après page, on ne peut que s’éprendre d’un style narratif tout particulier, savant mélange entre le classicisme littéraire purement américain à la sauce famille qui s’auto-détruit et un certain sens du Nature writing bien contemporain. Un mélange vaporeux qui s’étale avec brio sur près de 430 pages. Une très belle surprise, peut-être pas, mais assurément une lecture et un aspirant (grand) écrivain à garder en tête.
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