Bon, je crois que tout le monde ici a remarqué cette tendance légèrement obsessionnelle que j'ai à lire toute l'œuvre d'un auteur que j'apprécie. Il y a quelques années j'ai fait ça avec John Irving, l'an dernier avec Martin Suter (un mois plongée dans des histoires de mémoire, au bout du compte je me suis persuadée que je souffrais d'un Alzheimer très précoce, mais extrêmement développé), et là je commence avec Grøndhal que j'ai découvert le mois dernier et qui me plaît bien. Heureusement pour moi, il n'a pas encore écrit trop de romans, je devrais réussir à faire le tour rapidement, et ensuite je n'aurais plus qu'à attendre la nouveauté et à me jeter dessus tel l'aigle sur sa proie. Niark niark niark.

Dans Les Mains rouges, contrairement à Quatre jours en mars, l'histoire se déroule dans un espace géographique très marqué, l'auteur insistant à la fois sur le pays, les villes traversées, décrivant beaucoup plus les endroits et inscrivant son roman à la fois dans une zone et dans une période (deux en fait) ce qui a pour effet de délimiter le champ d'action. Cependant, on retrouve une relation ambigüe entre un homme et une femme, une espèce d'amour à la fois partagé et à sens unique. Le narrateur est ici un homme qui, après l'apparition brève d'une jeune femme dans sa vie, n'aura de cesse de la retrouver pour comprendre son histoire. Cette jeune femme porte sur ses épaules le poids d'une erreur de jeunesse, et la culpabilité est omniprésente dans tous les évènements rapportés. Le roman s'interroge sur cette culpabilité, sur la manière que l'on peut avoir de la gérer, de l'escamoter, de la nier, jusqu'au moment où elle finit toujours par ressortir d'une manière ou d'une autre.

Cependant, ce roman finalement moins contemplatif que Quatre jours en mars reste moins palpitant, peut-être du fait de son héros masculin qui me permet moins d'identification. Peut-être à cause du marquage temporel précis aussi, à une période qui ne me parle pas des masses. Comme le pense le narrateur, pour moi les années soixante-dix sont à la fois lointaines et proches, peu analysées et peu connues autrement que « la jeunesse de mes parents ». On en reparlera dans une dizaine d'années, probablement. Elles restent dans mon esprit les années du flower power plus que de la Fraction Armée Rouge, qui pourtant était géographiquement bien plus proche.

Cependant, malgré une implication moindre, je continue à aimer à la fois la langue mais surtout le rythme de l'écriture de Grøndhal, à la fois posée et poétique, moins rude que celle de beaucoup d'auteurs nordique mais possédant cette précision qui m'impressionne et me charme tant. En résumé, probablement pas mon roman préféré de cet auteur mais une lecture agréable et intéressante.
Ninaintherain
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le 27 mars 2012

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