Tout comme c'était le cas pour le Fantôme de Baker Street, on peut tout à fait se passer de lire cette nouvelle aventure policière d'Andrew Singleton et James Trewlaney. Certes, il y avait quelque originalité à bâtir une série sur papier dont les énigmes ressortiraient du fantastique le plus pur. Mais cela aurait supposé de bien maîtriser à la fois le genre policier et le genre fantastique pour accrocher le lecteur jusqu'au bout. Déjà que la majorité des auteurs de la collection Grands détectives de 10/18 a un peu de mal à écrire du policier de réelle bonne qualité, alors s'il faut s'élever carrément haut-dessus de la moyenne, c'est pas gagné !


Certes, Fabrice Bourland sait insuffler une certaine ambiance à son roman, et la promenade qu'il nous offre dans le Paris des surréalistes se révèle plutôt plaisante - bien qu'un peu frustrante, puisqu'après tout, les surréalistes en question, on ne les voit guère. Certes, l'intrigue principale, celle du "sommeil qui tue", a de quoi appâter le lectorat. Cette histoire d'hypothétiques meurtres commis par l'intermédiaire des rêves comporte d'ailleurs quelques réminiscences de plusieurs épisodes de X-Files... Mais, comme dans le précédent opus, l'auteur a manqué de rigueur (défaut majeur de la littérature fantastique actuelle, à mon sens).


D'une part, le récit est construit autour de trois histoires menées en parallèle, rien que ça : l'éventuel mystère de la mort de Gérard de Nerval, qui ne se serait peut-être pas suicidé à la moitié du XIXème siècle ; les rêves "conscients" d'Andrew Singleton ; la fameuse affaire du "sommeil qui tue". Les deux dernière se rejoindront (bien que la seconde s'avère assez inutile), mais la première va être laissée à l'abandon, l'auteur n'ayant su l'incorporer au reste. du coup, cette partie de l'intrigue apparaît comme du pur remplissage. D'autre part, Fabrice Bourland n'a pu s'empêcher de se laisser aller à une profusion d'éléments fantastiques excessifs qui, au final, donnent un aspect assez brouillon au scénario. Et que je te parle de multiples théories sur le rêve, et que j'y ajoute une vague histoire de corps astral, et que je rajoute encore des succubes, et que je fais allusion à des tas de créatures élémentaires (quelles qu'elles soient), etc., etc. Bon, cela dit, la fin se tient à peu près.


Bref, j'avais tenté par curiosité cette seconde expérience, après une première déception avec Le Fantôme de Baker Street, pour ne pas condamner l'auteur sur un seul roman. À présent, je doute sérieusement de revenir à sa série policière un de ces prochains jours.

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le 10 août 2016

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