Vive les mélanges!
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La guerre de 14-18 racontée sur un ton plus léger.
André Maurois était lieutenant interprète affecté à un régiment écossais pendant la grande guerre.
Au fil des chapitres, il nous raconte des anecdotes souvent écrites sur place, qui nous dessinent le portrait de cette aristocratie militaire de l'empire britannique, qui a parcouru toute la planète avec ses traditions, ses rites, ses postures, toujours imperméable aux cultures locales qu'elle observe avec distance.
Le lieutenant Aurelle, alter-ego de Maurois est le candide.
Le colonel Bramble est un écossais des Lowlands, très anglicisé, il s'exprime peu et souvent par des borborygmes souvent signe de désapprobation, mais qui peuvent tout aussi bien exprimer de la surprise, de l'admiration ou toute autre humeur. Il ne perd jamais son sens de l'humour.
Le major Parker est un grand aristocrate. Comme le colonel, c'est un pur produit de l'armée de l'Empire Britannique.
Le révérand Mac Ivor, ou Padre est l'aumônier du régiment. Ecossais des Highlands, il considère que cette guerre est une affaire entre l'Ecosse et l'Allemagne. Grand chasseur, il a tué à peu près tout ce qui peut se chasser sur la planète. Il prie pour que le plus possible d'allemands soient tués.
Le docteur O'Grady est un irlandais cynique qui connait bien la nature humaine. Il est considéré, à l'instar de ses compatriotes, comme bavard et un peu fou par ses collègues.
La tente qui sert d'Etat Major au régiment des Lennox est un club où ces messieurs expriment leurs vues sur les hommes, le monde, les peuples, etc... et commentent les obus qui parfois tombent à proximité sans jamais se départir d'une certaine distance ni d'un certain humour: "La vie du soldat, est une vie très dure, parfois mèlée de réels dangers."
A travers ces discussions, Maurois nous décrit avec beaucoup de finesse et d'humour très anglais ce que sont ces étonnants britanniques. Nous les voyons attentifs à l'image qu'ils renvoient, bloqués dans des postures morales. Ce sont des acteurs de théâtre qui ne manquent pas d'autodérision:
"_Par la faute du Hun, dit tristement le colonel Bramble, la guerre n'est plus un jeu de gentlemen.
_Nous n'imaginions pas, reprit le major, qu'il put exister au monde de pareils goujats. Bombarder des villes ouvertes, c'est presque aussi impardonnable que de pêcher une truite au ver ou de tuer un renard d'un coup de fusil.
_Il ne faut pas exagérer, Parker, dit le colonel froidement, ils n'ont pas encore été jusque là."
Mais derrière cet humour, subsiste des convictions profondes.
Une excellente définition est donnée par un autre officier:
"_Aurelle, mon ami, dit le docteur Watts, si vous voulez vivre estimé au milieu d'anglais bien élevés, vous devez vous efforcer de comprendre le point de vue. Ils n'ont pas de tendresse pour les tristes et méprisent les sentimentaux. Ceci s'applique à l'amour comme au patriotisme ou à la religion. Si vous voulez que le colonel vous méprise, arborez un drapeau à votre tunique. Si vous voulez que le padre vous honnisse, faites-lui censurer des lettres pleines de mômeries dévotes. Si vous voulez que Parker vous vomisse, pleurez en contemplant une photographie."
Ce petit livre eut un succès considérable en France et en Angleterre, plus encore en Ecosse et aux Etats Unis à sa sortie. De nombreux auteurs s'en sont inspiré, comme Hergé ou Goscinny, mais vous entendez encore raconter certaines petites histoires, comme celle de l'homme qui avait commis un meurtre et cherchait à soulager sa conscience, qui sont directement tirées du livre.
Pour ma part, la relecture de cet ouvrage m'explique la volonté de brexit qui anime aujourd'hui le peuple anglais: ce ne sont pas les intérêts économiques, mais le désir de sauvegarder leur identité culturelle qui est le vrai moteur. D'ailleurs, de ce côté-ci du channel, la simple évocation d'une identité culturelle peut vous amener les pires ennuis.
Mais le brexit serait-il pour eux comme le paradis? Ils souhaitent y aller... mais pas ce soir!
Alors, ne soyons pas inhumains, cessons de tergiverser, d'accorder des prolongations de délais qu'au fond ils ne souhaitent pas, aidons-les, respectons leur identité.
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Créée
le 21 juin 2019
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