Fan de SF ? Passe ton chemin.
Je me suis pointé à la médiathèque et j'ai pioché au hasard un livre de P.K. Dick car j'aime beaucoup ses univers et j'avais envie de me faire un petit roman SF par l'auteur d'"Ubik" ou encore "Les Androîdes rêvent-ils de moutons électriques ?". Je n'ai pas lu la 4e de couverture pour garder tout le suspens de l'intrigue et honnêtement j'aurais dû. Je suis tombé sur l'un des seuls romans de Dick dépourvu de SF !! D'un coté, après 400pages sur les 490 de l'oeuvre, mon nez aurait m'avertir que ça sentait le sapin niveau SF...
Ce livre traite de la vie de Stuart Hadley. Jeune homme de bonne famille qui mène une vie paisible avec sa jolie épouse enceinte de lui, il travaille comme vendeur de télé dans la boutique d'un patron bourru mais qui l'apprécie.. Tout semble donc aller pour le mieux pour ce cher Stuart. Eh bien non. Ce dernier n'aime pas sa vie. Il se sent enfermé dans la société américaine des années 50 qu'il méprise de tout son être. Il aspire à autre chose. Et ce malêtre qu'il dissimule en façade le ronge de l'intérieur au point de le pousser à faire des choses idiotes comme se saouler après le boulot et finir en détention alors que son épouse s’inquiète de son absence. Stuart va alors s'intéresser à une secte religieuse dont le gourou prétend apporter la sérénité et la paix intérieure aux brebis égarées...avant l'apocalypse imminente.
Le gros problème de ce livre c'est qu'il est très chiant.
Les personnages sont, comme souvent chez Dick, intéressants et suffisamment travaillés pour leur donner une réelle épaisseur mais le vice c'est que ces protagonistes ne font rien. Dick se contente de décrire le quotidien banal de ces protagonistes et le résultat c'est qu'on s'ennuie. Et pas qu'un peu ! Théodore Beckheim et Marsha Frazier ont un réel potentiel, une réelle aura mais cette dernière est sous exploitée. La faute à un Stuart trop mou. On comprend son malaise, son envie de changement mais le bonhomme ne fait rien pour y remédier. A tel point qu'on a envie de lui mettre des claques pour qu'il réagisse enfin ! C'est frustrant !
Ce roman posthume et écrit au début des années 50 n'est qu'une succession de conversations banales et dénuées d'intérêt. Alors certes il y a quelques réflexions politiques et religieuses intéressantes mais ça n'apporte rien au roman. Ca contribue même à l'alourdir et on finit par subir ces digressions qui se mêlent aux interminables descriptions des gestes du quotidien. Les aficionados d'analyse littéraire comme on en assène lors des cours de français du lycée (que je séchais soit dit en passant) pourront s'amuser à décortiquer la descente aux enfers de Stuart à travers le découpage en 4 axes du roman, mais pour ma part j'ai vraiment du me faire violence pour boucler ce livre.
Alors OK, le fait que je me sois fourvoyé sur le contenu du livre doit jouer énormément dans mon ressenti mais même en faisant abstraction de l'absence de SF et d'action, force est de constater que ce livre est creux. La critique de Nébal apporte quelques explications (et je vous invite à la lire car elle est bien foutue) mais pour ma part ça ne sauve pas les meubles. La fin s'emballe un peu mais trop tard, le mal est fait et mon désamour pour ces Voix de l'Asphalte bien ancré. Un livre que je ne conseille pas. Sauf si vous êtes un fan hardcore de P.K. Dick et qu'une analyse autobiographique en filigrane de l'auteur vous branche vraiment.