Un voyage à travers l'amour (critique réalisée dans le cadre de mes études)

Confessions épistolaire de Bergé à son amant Yves Saint-Laurent, décédé en 2008.



"C'est la dernière fois que je te parle, la dernière fois que je le
peux. Bientôt, tes cendres rejoindront la sépulture qui t'attend dans
les jardins de Marrakech."



Comme si une partie de lui s'était décrochée, Pierre Bergé livre ici la part la plus intime de sa vie et de sa sensibilité; il raconte avec douceur et émotions l'histoire d'amour des deux hommes, ponctuée de hauts et surtout de bas.


Souffrant d'un cancer du cerveau c'est un homme faible et malade qui est dépeint dans ce recueil, et malgré la vie de débauche qu'à mené Yves Saint-Laurent et son goût pour le risque; c'est une histoire d'amour somme toute classique que nous découvrons au fil des pages de ce recueil.
Nous pénétrons dans l'intimité du couple entre excuses prononcées trop tard, regrets et passion; nous découvrons le quotidien bouleversé et bouleversant dans lequel nous sommes plongé.
Pierre Bergé, dévoile, à sa façon, la vie de couple des deux hommes tout en laissant de côté les moments les plus difficiles de la vie de Saint Laurent. Ces moments qui seront plus tard dépeint dans le film éponyme de Bertrand Bonello sorti en 2014 et qui, sans surprise, ne plaira pas a Bergé qui a lutté toute sa vie pour cacher la vie de débauche de son compagnon.


C'est donc l'aspect doux et touchant, pleins d'amour que nous livre ici Pierre Bergé:



15 mars 2009



"Temps superbe. Je suis toujours triste le week-end. C'était le jour
où on se retrouvait."



Avec beaucoup de non-dits et une pointe de regret, Bergé narre les années passées à se cacher des autres de peur d'être jugé à cause de leur homosexualité, tabou à l'époque:



15 mars 2009



"Te souviens tu [du festival de Cannes] de 1958 ? [...] tu étais venu
nous retrouver - me retrouver - au mépris de toute prudence. Nous
venions de nous connaître. Nous avons vu chaque film assis côte à
côte, ta main dans la mienne. Ce furent des jours difficiles puisque
nous ne pouvions pas être seuls mais, tout compte fait, heureux."



Cet ouvrage peut être considéré comme un des meilleurs roman épistolaire du XXème siècle de par sa justesse et la profondeur sentimentale qu'il dégage.



7 janvier 2009



"Nous nous aimions, nous avons essayé de réunir nos deux existences
et, ô surprise, ça a marché pendant 50 ans. Parfois nous avons
trébuché, nous nous sommes pris les pieds dans le tapis, nous nous
sommes cassé qui une jambe, qui un bras, mais cinquante ans plus tard
nous étions encore là et nous ne nous étions pas quittés. C'est peut
être cela l'amour fou. L'amour de deux fous. J'ai bien essayé de te
fausser compagnie et j'ai su aimer ailleurs, mais tous les chemins me
ramenaient à toi. Tu as fais la même chose. Pourtant, la jalousie ne
nous a jamais abandonnés. Ce qui est plutôt incompréhensible."



Les diversité lettres écrites par Bergé après la mort de son amant montre à quel point il a été bouleversé par la mort de celui ci et dépeint ô combien il est difficile d'aller de l'avant quand l'être qui composait la totalité du monde qui nous entoure, n'est plus. Il parle à Yves comme s'il était encore là, comme si continuer de lui parler pourrait le faire revenir:



7 janvier 2009



"C'était l'époque où tu cachais des verres de whisky derrière les
rideaux. Yves, tu n'es pas fâché, n'est-ce pas, si je t'oblige à te
rappeler ces vieux souvenirs ?"



C'est là tout le concentré de cet ouvrage, comment combler le vide quand notre âme soeur s'en est allée ?

lola_mon_nain
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 6 janv. 2018

Critique lue 277 fois

2 j'aime

lola_mon_nain

Écrit par

Critique lue 277 fois

2

D'autres avis sur Lettres à Yves

Lettres à Yves
HenriMesquidaJr
7

Critique de Lettres à Yves par HENRI MESQUIDA

Amour, mort, création, homosexualité, bonheurs et douleurs…au gré de sujets variés, d'anecdotes et de sentiments, l'auteur tisse les fils du temps pour réaliser une délicate broderie de ce que fut...

le 18 août 2015

1 j'aime