"Parle-moi, je te dirai d'où tu viens" énonce, d'entrée de jeu, Paul-Henri THOMSIN dans son ouvrage "Liégeoiseries" édité chez Noir dessin production (2007). Avec humour, justesse et complaisance, il y souligne le bilinguisme des liégeois. Tous, qu'ils le reconnaissent ou pas, parlent français-wallon! Et de le prouver en offrant une kyrielle d'expressions liégeoises dont il donne les origines wallonnes et enfin, pour 'les ceux qui comprennent pas', la formulation française correcte.
Ecoutons-nous parler! La truculence du liégeois utilisant un wallon francisé est savoureuse. Trop souvent, on oublie d'où viennent et comment tiennent encore nos manières de 'parler local'! Pourtant, oublier ses racines serait se renier...
Lucide, Paul-Henri THOMSIN pointe les coups de canif que nous portons à la grammaire française. Il pointe surtout la joyeuseté de notre langage fleuri comme nul autre pareil. Tout y passe, l'usage excessif de l'auxiliaire 'être' en place du verbe 'aller' (j'aurais bien été boire un verre); l'utilisation de 'avoir' plutôt que de 'être' (on s'a bien plu, en vacances); l'usage abusif de 'faire' ou 'mettre' (as-tu vu ce qui fait mis sur la gazette?, ça fait dix fois que je te le dis!) ; la confusion entre 'savoir' et 'pouvoir' (elle sait pas dormir avec tous ces klaxons!) ... et d'autres, et d'autres!
Paul-Henri THOMSIN nous fait revivre ces expressions, ces liégeoiseries, non seulement dans son livre mais aussi lors de rencontres animées lors desquelles il met le public au travail pour sonder notre parler quotidien! Un vrai régal... Fier d'être liégeois de souche, liégeois dans l'âme!
Après les quelques livres très sérieux lus ces derniers temps, relire ces liégeoiseries m'a fait du bien.
[ J'ai eu bon! Même si aux yeux de certains, ce ne sont que des carabistouilles, j'y ai, à coup sûr, trouvé plus de plaisir que dans les titres à tchouler de la gazette achetée le matin à l'aubette. Ceci dit, je m'rend bien compte que certains se sont peut-être enmacralés avec toutes ces expressions sans queue ni tête pour eux... Que voulez-vous, tout le monde ne peut pas être liégeois! Et il me faudrait, pour sûr, beaucoup plus de temps pour leur expliquer tout ça.
Mais, pour l'heure, il faut que j'y aille. Je laisse la porte contre, des fois que vous voudriez tout de même entrer un peu plus dans ce pays des truculences. Et si ça vous plait pas, vous n'avez qu'à partir ... mais sans me reclaquer la porte au nez, hein! Parce qu'alors ... ]