Je ne l'ai pas encore fini. L'œuvre a été beaucoup critiquée. Pourtant, on y retrouve bien le Badiou de l'Etre et l'Evénement, et si la logique de l'oukase - qui tord les concepts pour les mener à la semblance de formes mathématiques reconnues - est encore plus visible, on retrouve la même puissance combinatoire, la formidable capacité herméneutique et, pour tout dire, la poétique conceptuelle qui est sa marque de fabrique.
Certes, on a plus de mal à adhérer à LM, qui suppose d'autres mathématiques (théorie des treillis, et aussi vaguement que terroristement, catégories et foncteurs) - mais, de formation mathématique, j'ai déjà eu un certain mal à trouver bien sérieuses les thèse de EE, quand bien même je reste ébloui de la virtuosité avec laquelle elles tentent de s'imposer.
Je ne reproche _au fond_ qu'une seule chose à Badiou : d'ignorer la spiritualité comme événement - le transcendantal d'un monde prendrait alors une forme bien plus étrange que celle d'un pauvre treillis (forme parfaitement classique des "ontologies", comme on appelle les systèmes de classification de concept en représentation de la connaissance).
Sinon, je dois avouer que je m'amuse assez à voir l'auteur présenter comme difficiles des démonstrations dont le niveau relève pour la plupart de la première année de maths... et tenter de nous éblouir avec un foncteur, dont il n'est pas fichu de montrer que c'en est bien un - ce dont je doute assez fortement, au point où j'en suis. Terrorisme, je vous dis. Mais véritablement plaisant à lire, quand on sait naviguer et dans la philo et dans les maths.