J’aime l’Histoire. C’est le cas depuis le collège et le lycée, et c’est plus fort que moi. Je lis assez régulièrement des ouvrages historiques, et parfois des romans historiques. Il y a plus d’un an, j’avais repéré ce livre sur Louis XVII sur NetGalley.fr, j’ai sollicité un exemplaire numérique que l’éditeur avait accepté de m’envoyer, mais je l’avais mis de côté, pour je ne sais quelle raison.
Louis XVII est un livre de l’historienne Hélène Becquet, dont l’ambition est parfaitement décrite dans le résumé :
La vie, la personnalité et les enjeux entourant l’enfant roi esseulé, emprisonné, sans trône et sans pouvoir, dernier espoir de la monarchie.
Empoisonné, évadé, ressuscité ? Les hypothèses et les mystères entourant la vie et la mort de Louis XVII ne manquent pas, mais sont pourtant bien éloignés de la vérité.
Louis XVII est sans doute l’inconnu le plus illustre de notre histoire tant le mythe a éclipsé la brièveté de sa vie également marquée par le paradoxe et la tragédie. Paradoxe d’un prince devenu Dauphin en 1789, au moment où la monarchie absolue s’effondrait. Tragédie d’un roi sans royaume, d’un orphelin à la fois captif et otage des luttes de pouvoir inhérentes à la Convention.
Instrumentalisé, esseulé et malade, il succombe à dix ans à la prison du Temple en juin 1795, ouvrant la voie à des décennies de controverses sur les circonstances de sa mort et son hypothétique survivance.
En biographe exemplaire, Hélène Becquet exhume la vérité derrière les légendes, racontant son existence oubliée avant d’ausculter sa surprenante postérité au terme d’une enquête de plusieurs années.
Je m’intéresse un peu à Louis XVII et son histoire depuis que j’avais lu l’excellent roman Un roi sans lendemain de Christophe Donner, dans lequel l’auteur mettait en scène un scénariste chargé d’écrire un film sur Louis XVII, ce qui servait de prétexte à raconter la courte vie du fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette. J’avais beaucoup aimé ce roman et je crois que cela avait joué dans ma volonté de solliciter un exemplaire de Louis XVII auprès de l’éditeur l’année dernière.
Là om Christophe Donner s’autorisait quelques libertés pour la cause romanesque, Hélène Becquet fait preuve de toute la rigueur qu’on peut attendre d’une historienne en ne racontant que les éléments de la vie de Louis XVII pour lesquels elle a pu rassembler des sources fiables. C’est donc une véritable biographie, peut-être la première sérieuse et objective, de l’enfant du Temple.
C’est un récit passionnant qui débute évidemment avec la petite enfance de Louis-Charles de France, deuxième fils de Louis XVI et Marie-Antoinette et s’achève avec sa mort en captivité au Temple. Entre temps, sa vie se déroule, bouleversée par la chute de l’Ancien Régime et par la Révolution Française.
Dans les derniers chapitres, Hélène Becquet s’intéresse également au rôle joué par l’image de Louis XVII pour la cause royaliste après la Révolution et notamment pendant la Restauration, ainsi qu’aux nombreux « imposteurs » qui se sont crus ou se sont fait passer pour Louis XVII qui aurait survécu après avoir échappé à sa prison du Temple. Louis XVII fait ainsi figure de roi idéal pour les royalistes, à la fois martyr de la Révolution et roi en quelque sorte parfait, puisqu’il n’a pas régné et qu’aucune faute ne vient ternir son règne.
Dix petites années séparent la naissance fastueuse du duc de Normandie de la mort tragique de Louis XVII au Temple. En d’autres temps, cette courte vie aurait été un drame personnel pour la famille royale, aurait pu susciter des inquiétudes momentanées, mais n’aurait guère eu de retentissement. […] L’exception constituée par le second fils de Louis XVI vient de la prodigieuse accélération donnée à sa carrière princière, si l’on ose dire, par la Révolution. Face à un roi qui suscite des doutes dans le public, le Dauphin devient un personnage central malgré son jeune âge – ou plutôt en raison même de son jeune âge. C’est en lui que les monarchistes constitutionnels, qui veulent allier Révolution et royauté, placent toutes leurs espérances. La chute de la monarchie et le régicide en font ensuite le seul roi légitime pour toutes les sensibilités royalistes, mais un roi enfermé, dont le sort ne cesse d’inquiéter, et qui, surtout, ne peut donner aucune impulsion politique. Louis XVII est doublement impuissant par son âge et par son emprisonnement, mais le sang royal dont il est issu, les malheurs qu’il a subis lui confèrent en regard une double légitimité : celle de la naissance et celle du malheur. Sa mort laisse les royalistes orphelins.
J’ai lu ce livre en étant captivé et passionné. C’est vraiment le genre d’ouvrage historique que je peux dévorer du début à la fin sans avoir envie de m’arrêter.